SUPER ÉCRAN

Article de Michel Bourassa

 

À mes premières armes comme observateur d'oiseaux, j'enviais ceux que je voyais à l'écran du téléviseur, lesquels parcouraient les cours d'eau, parmi des centaines et des milliers d'oiseaux survolant leur embarcation-moteur et je souhaitais, sans vraiment y croire, que ça m'arrive un jour!

Le souhait va devenir une réalité par une journée fraîche mais agréable d'un certain automne lorsque je me présente à l'avant-dernière courbe de ma rivière (Petite Rivière Yamachiche) lors du retour de son embouchure car dès que je m'y glisse, des centaines "d'oiseaux noirs", principalement des Quiscales bronzés, des Carouges à épaulettes et des Étourneaux sansonnets dans lesquels se mêlent quelques Vachers à tête brune, jaillissent des arbres de chacune des rives dans un tintamarre indescriptible pour voler dans tous les sens à l'avant de la chaloupe comme une vis sans fin vivante, ce qui semble quintupler le nombre de spécimens.  L'expérience se répète le lendemain, en sens inverse cette fois, ce qui est encore plus impressionnant dû au trajet plus long.

Mais la plus mémorable démonstration de vols d'oiseaux aquatiques est celle d'un certain midi automnal lorsque je sors à pleine vitesse de mon cours d'eau afin d'entrer au Lac St-Pierre sur lequel sont posés et se reposent, tout en pêchant, des milliers de Cormorans à aigrettes qui se précipitent dans l'espace aérien, soit au-dessus de ma tête, soit de chaque côté de la chaloupe, et il y en a partout:  en avant, et surtout à l'arrière, sur près d'un kilomètre de long par environ cinquante mètres de large, ce qui est fantastique comme spectacle.  Un écran géant ne peut jamais donner autant de frissons qu'en ces moments cacophoniques inoubliables et magiques.