Les « P'tites vites » ( 7 )

 

Un bruant moderne

 

En sortant de ma rue en vélo tout en empruntant celle qui va me conduire au village, un chant trillé perce les environs et je le reconnais sur le champ car c'est celui du Bruant familier. Les jumelles à mon cou, je les pointe vers les sons entendus à la hauteur du sol, endroit habituellement fréquenté par ce bruant, et mon investigation débute mais rien n'est en vue: où peut-il bien être ?

 

Heureusement, une autre série de notes chantées se répète et je peux mieux en localiser la provenance, soit du toit d'une maison récemment construite au revêtement rouge brique et je détecte du regard une dénivellation peu prononcée au centre de cette toiture. Mon petit chanteur solitaire est bien là, en roi et maître, comme le seigneur de la place admirant son domaine de sa vue privilégiée et imprenable; il est vraiment devenu très familier avec le modernisme.

 

Deux états voisins, au Québec

 

Le Québec, reconnu comme un endroit accueillant pour les visiteurs, la nouvelle a dû se répandre jusqu'au pays de l'Oncle Sam pour décider trois Râles de Virginie et une Marouette de Caroline à venir passer une partie de l'été au lac St-Pierre, un voyage d'une certaine distance quand même ! C'est en leur compagnie que je me prélasse près des berges herbeuses en cette magnifique journée ensoleillée et c'est le bonheur parfait car il est très rare de repérer un seul râle en temps normal et de l'observer sans difficulté et j'en ai trois qui paradent devant moi, le long des joncs et des tiges de riz sauvage; en plus, j'ai en prime une Marouette de Caroline parmi eux: quoi demander de plus ? Absolument rien !

 

Ironique quand même de voir deux espèces portant les noms de deux états américains, voisins un de l'autre, la Virginie et la Caroline, pour les revoir encore voisins au Québec, comme quoi il est difficile de briser des liens, quels qu'ils soient.

 

D'un continent à l'autre

 

À ma deuxième année d'observation d'oiseaux, au printemps 1989, je m'installe près de la rive du cours d'eau à l'arrière de chez moi et je scrute les lieux pour, dans les premières secondes, épier un couple de canards, espèce inconnue de ma part, lesquels canards pataugent à la courbe sans se douter de ma présence.

 

Les deux individus, au front beige et côtés de la tête brun roux avec les flancs gris et la poitrine rose gomme, répondent à la description du Canard siffleur et j'ai la chance de les examiner à loisir encore au moins pendant dix autres jours, toujours au même endroit, se promenant du quai à la courbe, pour les voir continuellement disparaître et réapparaître dans leurs déplacements.

 

Un bon matin, la quiétude de leur lieu favori me fait comprendre qu'ils ont quitté définitivement, démontrant que toute bonne chose à une fin et il en est ainsi pour la présence de ces deux Canards siffleurs, originaires d'Europe.