Les «P'tites vites» ( 4 )

 

Fidèles au poste

 

À la mi-décembre, de soixante à cent Tourterelles tristes daignent me combler la vue de leur présence et ce, à chaque saison, fidèles aux postes d'alimentation dès les premières clartés du matin et, pour quelques-unes d'entre elles, jusqu'au coucher de l'astre du jour. Le plus beau moment est celui du midi lorsqu'elles décident de quitter leur perchoir près de la rivière afin de s'amener par dizaines aux mangeoires dans leur court vol vacillant avec leur magnifique queue ouverte triangulaire et allongée, bordée d'une blanche dentelure inimitable; c'est réellement fascinant à observer.

 

Randonnée au Nord

 

Un peu avant l'embouchure de la Petite rivière Yamachiche, au « petit royaume » en automne, je scrute les scirpes déjà jaunies par les jours plus courts et je profite d'une journée clémente où un soleil puissant, mais peu chaleureux, s'obstine à m'aveugler lorsque j'ose le défier.

 

En observant les bruants encore présents, je vois soudainement un oiseau se balancer sur une brindille de foin long et je l'enligne d'un seul jet en évitant les satanés rayons éblouissants pour y apercevoir un Troglodyte de Bewick, race de l'Ouest des États-Unis, rendant mon identification plus facile, quelle rareté !, surtout venue d'aussi loin.

 

Un signal du ciel

 

Le 26 février 1999, une journée magnifique, sous un soleil radieux et un ciel clair presque sans nuage, me prépare une surprise lorsque je serpente les courbes de la rivière glacée. À peine trois minutes après le départ de chez-moi, un cri fort percutant en provenance des cieux me fige sur place et je tente en vain de retracer le responsable dans les airs, vision difficile due au soleil cinglant, aux quelques rares nuages blancs et aux arbres dénudés dans ma mire, mais je n'ai pas besoin de le voir car ce cri, je le reconnais et c'est celui d'un Cygne trompette; que peut-il bien faire dans la région, si tôt dans la saison ? Peut-être le signe d'un printemps hâtif.

 

Pêche difficile

 

En plein été et dans la chaleur, à l'autre rive du cours d'eau derrière chez-moi, un Héron vert s'arme de patience et tente par tous les moyens de capturer avec son long bec des alevins, sans trop de succès, même si les abords sont ombragés.

 

Ce dernier prend une tactique différente en ramassant une feuille pour la déposer sur l'eau, au courant, tout en la suivant dans sa progression. Même si cette méthode est parfois efficace, les nombreux essais dans les quinze minutes passées à le surveiller ne me permettent pas de voir une prise. Je ne sais pas s'il va réussir car je me lasse avant lui et je quitte.