L'OISEAU QUI PLEURE SON SEMBLABLE

Article de Michel Bourassa

 

Comme à l'habitude, en ce début d'après-midi, je déguste mon café au restaurant de ma localité lorsqu'une '' connaissance '' vient s'asseoir à la table voisine et engage la conversation. Parlant de choses et d'autres avec cet individu, le sujet arrive inévitablement sur les oiseaux, ma passion, et c'est à cet instant  qu'il me dit la phrase magique: '' tu ne me croiras pas mais...'' et c'est parti. Dès lors, je sais que la banalité ne sera pas au rendez-vous et je l'écoute attentivement.

 

L'aventure est vécue par son épouse lors d'une certaine matinée d'été très ensoleillée quand elle ouvre la porte à l'arrière de la maison et qu'elle entend de puissantes lamentations pour voir, immédiatement, un '' oiseau noir '' au chevet d'un autre, semblable et inerte au sol, ce qui doit être deux Quiscales bronzés, selon les détails de la description.

 

Les yeux de cette femme sont accaparés par un jeune quiscale, mort, avec sa mère qui veille à ses côtés cherchant, par ses cris déchirants, à le ranimer sans succès. Lorsque cette femelle réalise, après quelques minutes, que c'est peine perdue, l'instinct maternel la fait encore s'égosiller de plus en plus, tout en touchant le corps du trépassé à plusieurs reprises. La spectatrice, ce, bien malgré elle, a le coeur gros et est dépassée par les événements, face à cette situation inusitée et pathétique.

 

Le tout se termine lorsque le mâle Quiscale bronzé, ayant entendu sa partenaire se fendre ''l'âme'', approche de la jeune dépouille, la regarde, la capte doucement de son bec et se retire au loin avec sa dulcinée. Quant à la dame, témoin de tout, elle entre au domicile, toujours sous le coup de l'émotion pour, un peu plus tard, raconter l'histoire à son époux.

 

Une expérience inédite qui mérite à être partagée.