Gélinotte, pas tête de linotte !

 

Dans les derniers moments d'une soirée d'automne, près de la rivière, j'entends des bruits provenant des feuilles mortes, de l'autre côté, et en quelques secondes, je surprends deux Gélinottes huppées qui grattent le sol en vue d'une quelconque pitance; à un certain moment, l'une d'elles grimpe en haut de la rive pour disparaître dans un mini sous-bois tandis que l'autre continue ses recherches: je me lasse et entre au domicile. À peine cinq minutes plus tard, le goût me reprend de suivre cette activité au cours d'eau et j'y retourne pour me rendre compte qu'un silence de mort y règne et au moment où j'abandonne, en jetant un furtif regard vers les branches d'un saule adulte à mes côtés, une ombre se déplace à peine sur l'une d'elles et je reconnais la silhouette de la Gélinotte huppée, au-dessus de ma tête; pas si bête que ça car en peu de temps, elle a traversé la rivière pour venir se poser en toute sûreté sur ce perchoir pour probablement y passer la nuit.

 

Une deuxième situation se produit quelques années plus tard, lorsque je déambule dans un de mes sentiers aux boisés du lac et la voici: j'y circule, au début de la saison automnale, dans l'espoir d'observer les parulines ratées à la migration printanière quand, en suivant un Bruant à gorge blanche dans les buissons, je détecte une Gélinotte huppée dans un autre fourré, tout près, laquelle, à son tour me voit et se cache. Un petit jeu commence lorsque je sors de sa vue en me plaçant derrière un arbre pour le voir sortir la tête au-dessus des brindilles et encore s'accroupir lorsque je la regarde. Au bout de quatre ou cinq courtes séances de cache-cache, je la laisse tranquille par mon retrait des lieux; plus futée que je pense, cette gélinotte, pas du tout tête de linotte.

 

Les handicapés

 

De temps à autre, aux plateaux à aire ouverte ou aux mangeoires fermées, des oiseaux s'y présentent avec un handicap très important, soit l'absence de la queue, élément essentiel pour la majorité d'entre eux; en effet, elle fait souvent la différence entre la vie et la mort lors d'une fuite, un prédateur aux trousses de l'un d'eux.

 

Aussi, lors du vol exigé sur place, pendant la quête de nourriture, ça devient presque une prouesse, sans oublier tout simplement la capacité de voler à haute vitesse sans y perdre l'équilibre, l'une des nombreuses utilités de la queue. À bien y penser, lorsqu'on aperçoit deux hivers consécutifs, une Mésange à tête noire sans son appendice, c'est vraiment un tour de force.