Des palmipèdes citadins et bourgeois

 

Le 18 février 2007, dans le voyage de retour du Parc de la Mauricie et après avoir observé des Durbecs des sapins, des Tarins des pins, des Becs-croisés des sapins, des Becs-croisés bifasciés, un Grand Corbeau et une Pie-grièche grise, entre autres, nous décidons, l'abbé Jean-Paul Richard et moi, de faire un arrêt à Shawinigan.

 

Qu'est-ce qu'il y a là, me direz-vous ? Eh bien, sur la rue Broadway où se situe une promenade longeant la rivière St-Maurice, des canards occupent habituellement l'onde de ce cours d'eau, toujours libre de glace. En arrivant sur les lieux, le premier coup d'oeil est décevant car aucun volatile n'est aperçu mais, en continuant les recherches, je repère un couple de Garrots à oeil d'or; tout en poursuivant ma marche sur la promenade enneigée, je réussis à trouver, un peu plus loin et près du rivage, un Canard noir.

 

Mais où sont donc passés les Canards colverts de février 2004 ? Déjà plus de la moitié du parcours laissé derrière moi et rien d'encourageant ne semble s'annoncer à l'avant. Après quelques dizaines de mètres supplémentaires, j'abandonne et j'entre dans le véhicule de mon conducteur qui me suit; nous décidons quand même à nous rendre au bout de la rue et c'est à ce moment que nous remarquons une fébrile activité aviaire au sol, près d'une auto immobilisée aux abords du trottoir de la promenade.

 

Les fameux Canards colverts, lesquels frisent les quarante individus, s'entassent près de la portière avant où une dame semble être très populaire à l'intérieur car elle leur donne de la nourriture pour les remercier sans doute de leur présence apaisante; quelques Canards noirs, deux Bernaches du Canada et deux Canards colverts géants ( près du double des autres ) participent aussi au festin, lequel a l'allure d'un pique-nique sur neige. Un Canard colvert profite de la chaleur du tuyau d'échappement en se couchant près du pneu arrière gauche du véhicule et un autre spécimen, encore plus audacieux, décide tout simplement de faire une sieste au centre de la voie urbaine en s'y endormant, tête dans les plumes; les gens, sûrement habitués à ce comportement, l'évitent par une légère esquive de leur auto.

 

Ces acteurs palmés de la ville semblent aimer  leur rôle de vedettes et côtoient régulièrement les passants, lesquels doivent les contourner et parfois, même les repousser, tant ces canards sont envahissants. De vrais bourgeois dans leur suffisance, probablement adulés par les résidants du coin, mais ces stars de "Broadway" doivent quitter la scène lorsqu'un camion de la ville vient les chasser délicatement avec une sirène en circulant lentement, quitte à se ranger entre la promenade et la rivière, sur un terrain vacant ( leur loge ).