LES OISEAUX D'UN JOUR (7)

Article de Michel Bourassa

 

Préambule:

Le plus beau cadeau pour un observateur d'oiseaux est de voir sur son territoire, un spécimen inusité ou exceptionnel.  Après plus de 20,000 heures de recensement (1988 à 2005), je vous offre avec "Les oiseaux d'un jour", sept textes stylisés dont la presque totalité des observations quasi uniques ont été faites dans la région de Yamachiche (municipalité, Pointe Yamachiche, Petite rivière Yamachiche et les îlots), à l'exception d'une seule, soit la Grue blanche ( Baie-du-Fèbvre ); voici le dernier texte de cette série.

Ces raretés vont sûrement être contestées par quelques puristes mais elles ont bel et bien été vues et surtout, identifiées avec exactitude.

 

 

 

Comme Paruline hochequeue, ton plus gros bec et ton plus voyant sourcil lait,

Te rendent distincte de la Paruline des ruisseaux, près de ce précieux dais.

Vraiment ironique que son dernier râle l'ait conduit au décès,

Lui, le minuscule Râle jaune, devant son intolérance au temps frais.

Sous une dense neige aux légers flocons, les Becs-croisés des sapins,

Sur les rameaux blanchis des conifères, me côtoient, à portée de main.

Inhabituelle dans le paysage du vaste lac St-Pierre, il est certain,

Chère Mésange à tête brune, que ton cri enrhumé me fait du bien.

Les yeux maquillés de marron, toi, beau Bécasseau à échasses,

Tu es superbe avec le dessous très rayé, augmentant ta classe.

Dans ses incessants tournoiements à étourdir, il ne tient en place,

Ce Phalarope de Wilson, en chasse, avant la formation des glaces.

Le Bécasseau violet, par son rarissime passage des plus tardifs,

Nous porte à le plaindre, lui qui circule au sol gelé comme au récif.

À croire qu'il est continuellement en retard et toujours actif,

Le Courlis corlieu doit sûrement, quelques secondes, demeurer passif.

L'effilée queue du Haralde kakawi, parmi ses mâles attributs,

L'aide à conquérir l'élue de ses ardeurs, depuis le tout début.

Telle une cible vivante, atteinte en plein vol par un tir d'obus,

Le Grèbe jougris, au cou affaissé, tombe sur l'eau, son but.

Boudant depuis maintes décennies les quartiers du Moineau domestique,

Ce Merlebleu de l'Est, dès sa pose sur le fil, me rend poétique.

De l'horizon, une escadrille de Bernaches cravants méthodiques,

Rase les flots, dans sa marche printanière vers les lieux nordiques.

Couchée parmi le groupe de Mouettes de Bonaparte, cette Mouette pygmée,

Presque identique à celles-ci, se prélasse sous le soleil de mai.

Isolé, l'Engoulevent bois-pourri, en journée, dort sous une ramée,

Pour, au crépuscule, s'époumoner, souvent incapable de se la fermer.