LES OISEAUX D'UN JOUR (5)

Article de Michel Bourassa

Préambule:

Le plus beau cadeau pour un observateur d'oiseaux est de voir sur son territoire, un spécimen inusité ou exceptionnel.  Après plus de 20,000 heures de recensement (1988 à 2005), je vous offre avec "Les oiseaux d'un jour", sept textes stylisés dont la presque totalité des observations quasi uniques ont été faites dans la région de Yamachiche (municipalité, Pointe Yamachiche, Petite rivière Yamachiche et les îlots), à l'exception d'une seule, soit la Grue blanche ( Baie-du-Fèbvre ); voici le cinquième texte de cette série.

Ces raretés vont sûrement être contestées par quelques puristes mais elles ont bel et bien été vues et surtout, identifiées avec exactitude.

 

Surpris au sable de la plage, ce furtif Bruant des plaines,

À la vitesse de l'éclair, décampe, pour cacher sa gêne.

Posée, cette Sterne de Dougall se fait apprécier, sans peine,

Elle, tellement avare de ses visites, je suis en veine.

L'hostilité du lit de la rivière influence l'Aigrette bleue,

Et, illico, son impatience la conduit vers d'autres cieux.

Grâce au chant du Passerin indigo, sous l'astre lumineux,

Un inattendu Bruant à joues marron accapare mes yeux.

L'apparition du Bruant à ventre noir, au dernier décan de mars,

Se chauffant sur un billon des labours, n'est pas une farce.

Ce Héron garde-boeufs, avec moult goélands comme comparses,

Arrive toujours à la dernière minute, debout sur ses tarses.

Avoisinant le couloir fluvial, le jeune Arlequin plongeur,

Tournoie dans les remous, près de l'îlot, en parfait nageur.

Le Bécasseau des Aléoutiennes, des Pribilof, laisse songeur,

Même si son identification est certifiée, condition majeure.

Les parades du Canard siffleur, à la courbe de la rivière,

Rendent celui-ci des plus séduisants pour sa fidèle partenaire.

L'Ibis falcinelle, rarement dans les parages, arpente cette aire,

Terre de tranquillité et habitat nourricier, pour lui, si chère.

La curiosité du Bruant sauterelle, à la migration de l'automne,

Le hisse subitement au sommet des herbes dorées et m'étonne.

À l'embouchure de la Yamachiche, le Mésangeai du Canada détonne,

Mais dans ce lacustre décor, son chant, lors des déplacements, le pardonne.

Dire que cette charmante Maubèche des champs, dans son immobilité,

A presque échappé à mes yeux par son silence en cette clarté.

Le Bécasseau roussâtre, malgré notre évident intérêt pour cette beauté,

Quitte, à brève échéance, les lieux, quitte à, par notre absence, le regretter.