La nature en spectacle

 

Plusieurs croient qu'il est inutile de protéger les endroits naturels comme les boisés avec leurs espèces végétales diversifiées et les marécages, entre autres, mais qu'ils aillent fouiller quelque peu dans leurs souvenirs de jeunesse et leur vision de la nature va probablement changer au lieu de toujours voir le côté pécuniaire de la surexploitation qui va remplir leurs poches mais pas nécessairement leur coeur et leur tête d'heureux moments inoubliables de communion avec cette dite nature. Pour nous aider tous à nous remémorer certains contacts avec les plantes, les fleurs, les oiseaux, les animaux sauvages et les poissons, je vais partager avec vous, quelques-uns des miens.

 

Un des plus spectaculaires phénomènes dans le monde des insectes, surtout pour des yeux d'enfants, est la vision de dizaines de mouches à feu ( des lampyres luisants ou lucioles ) par une chaude soirée estivale, lesquelles, avec leur corps lumineux, apparaissent ici et là dans leurs nombreux déplacements; il est impossible d'oublier de tels moments.

 

Dans les premières années de vie, même le détestable pissenlit pour ceux qui veulent une pelouse impeccable impressionne tout marmot digne de ce nom, car ces centaines de fleurs jaunes sur un tapis vert gazonné deviennent des aimants pour les jeunes pupilles. À la même période, soit au printemps, le Merle d'Amérique est un des premiers oiseaux marquants pour un bambin, lequel oiseau est synonyme de l'arrivée prochaine du temps plus clément et pour ce jeune, plus d'heures à jouer dehors.

 

Comment ne pas se souvenir des premières fleurs aux arbres et aux arbustes qui s'offrent à la vue en des quantités incalculables et dont la blancheur se remarque à priori pour voir, par la suite, le résultat final comme celui du lilas, par exemple.

 

La première grenouille et le premier crapaud dans le jardin, même s'ils surprennent, piquent la curiosité tous les deux et quelque soit la réaction face à eux, ça demeure gravé dans la mémoire; même si c'est seulement pour une expérience de vie, les jeunes d'aujourd'hui doivent absolument la connaître.

 

La première sortie de pêche à la ligne avec son père, à la rivière, et la capture du premier poisson, même si c'est seulement une vulgaire barbotte ou une petite perchaude devient une réalisation de première importance; il en est ainsi pour le premier crapet-soleil attrapé dans un lac, assis dans une chaloupe, lequel poisson veut presque se sauver avec la ligne: sensation unique !

 

Que dire des fameuses sauterelles que nous avons presque tous torturées dans notre inconsciente cruauté d'enfant, des abeilles, des guêpes et des bourdons que nous redoutions tellement après avoir connu la sensation désagréable d'une inoubliable première piqûre et des fantastiques papillons blancs et papillons orangés qui voletaient autour de notre tête, laquelle était à peine plus haute que les herbes ? Que de délicieux souvenirs, lesquels disparaissent malheureusement lentement lorsque nous avançons dans la vie dû à nos diverses obligations quotidiennes.

 

Heureusement, lorsque l'âge de la retraite approche, la nature semble nous rappeler à l'ordre et nous dire qu'elle est encore là malgré les nombreux torts souvent irréparables que nous lui avons infligés. C'est à ce moment que nos sens se réveillent pour nous souvenir de sa beauté dans sa diversité et il nous est alors beaucoup plus facile de l'aimer à sa juste valeur, grâce à notre expérience de la vie et peut-être aussi grâce à un minimum de sagesse acquise.

 

Comment ne pas nous émerveiller devant un coucher de soleil qui enflamme les cieux à l'horizon, devant des centaines de volées de Bernaches du Canada et d'Oies des neiges à la migration du printemps et devant des millions de petites mouches dans des nuages au-dessus d'un cours d'eau et ressemblant à de la fumée ? Impossible car ça se rend directement au coeur et nous fait encore plus aimer la vie tout en constatant la chance que nous avons face à de tels spectacles.

 

Même les envahissants Goélands à bec cerclé, par centaines dans des vols planés, réussissent à nous éblouir, tout comme les défilés de milliers de Cormorans à aigrettes, tellement menaçants pour l'équilibre des espèces aquatiques. Les attroupements de dizaines de Pigeons bisets et de centaines d'Étourneaux sansonnets près des meuneries industrielles ne nous laissent pas indifférents tellement ces oiseaux représentent parfaitement le synchronisme et la vitalité dans leurs nombreux déplacements devenant, malgré eux, une démonstration inégalée du savoir-faire ailé.

 

Un autre phénomène remarquable est la migration d'automne des papillons monarques avec la présence de plusieurs autres espèces, toujours très impressionnant, tout comme la migration des oiseaux de rivage, à la même période: il faut le vivre pour le croire et l'apprécier pleinement.

 

À chaque automne, nous sommes impatients de voir les feuilles des arbres changer de couleur afin de jouir de toutes les teintes que celles-ci nous offrent avant de terminer leur existence respective en tombant au sol dans des tourbillons orchestrés par le vent, par l'effet du gel ou par l'absence de chlorophylle. La neige, en tempête ou en lente descente de flocons moelleux, la pluie, diluvienne ou en crachin et la crue des eaux, sous forme d'inondation ou tout simplement en écoulement rapide et régulier, sont d'autres actions naturelles que nous constatons, bon gré mal gré.

 

D'autres beautés plus sophistiquées existent et méritent à être connues comme les dessins de givre dans les vitres, comme la forme de chaque flocon de neige, comme les reflets du soleil sur la neige au sol rendant plusieurs flocons lumineux dans une kyrielle de couleurs, comme le frimas hivernal aux branches des arbres et comme chaque arc-en-ciel, habituellement présent après la pluie; même le changement de température est souvent apprécié sans omettre, bien sûr, le fameux verglas qui en inquiète plus d'un.

 

Il ne faut pas oublier les étoiles filantes, les constellations, les formes de nuages, les champignons, les coquillages et les poissons, ces derniers beaucoup moins observés parce qu'ils vivent dans l'eau.

 

Je pourrais continuer cette liste concernant la nature en spectacle mais il faut arrêter à un certain moment. À ne pas en douter, ceux qui s'ennuient dans la vie n'ont jamais connu le plaisir de se déplacer en nature et de laisser leurs yeux les amener dans un univers à découvrir, lequel équilibre tout être humain.

 

Comme la lune et le soleil, lesquels se le permettent à l'occasion, je m'éclipse totalement jusqu'à la semaine prochaine.