Conte pour tous ( 1963 )

 

Le moineau Titan

( deuxième partie )

Avant-propos:

Ayant écrit ce conte à l'adolescence, il vous apparaîtra évident que ce conte pour tous a été rédigé avec mes connaissances et ma façon d'écrire de l'époque. Avec les années, il y a eu probablement amélioration dans l'écriture et c'est pour cette raison que j'ai osé présenter ce texte afin d'encourager les jeunes à tenter une telle expérience même s'il s'agit de leur première.

 

Il y a toujours une première fois dans tout et lorsque c'est fait, une grande satisfaction en ressort et surprend parfois l'auteur lui-même pour l'encourager à continuer et surtout, il n'y a pas d'âge pour écrire car le talent n'attend pas la valeur des années, comme on dit.

 

 

Au moment où il abandonnait le combat inégal de la survivance sur la mort, seul un miracle pourrait sauver ce dernier. Au moment où il abandonnait le combat inégal de la survivance sur la mort et laissait ses ailes se presser sur son corps afin de se laisser engloutir par les eaux bleues de la mer, il aperçut un point noir jaillir au-dessus de l'immense nappe liquide. Réunissant les dernières énergies de son être dans un ultime et dernier effort, Titan réussit à s'approcher suffisamment de son objectif afin de se laisser choir sur ce qui devait être sa planche de salut. En se posant, il perdit conscience, étant très exténué et au bout de ses forces. Il demeura dans cet état pendant deux bonnes heures, bercé par les vagues sur son radeau de fortune. Cette épave n'était nulle autre que la tortue géante répondant au nom de Conie qui avait émergé à la surface pour constater l'état de la température. Voyant Titan se diriger vers elle, Conie alla se poster à proximité de lui afin de l'accueillir et constater son état de santé. Elle veilla sur sa douce " personne " pendant son inconscience et à son réveil, Titan fut très surpris de se trouver étendu sur l'énorme carapace de son sauveteur.

 

En clignant des yeux, il remercia Conie de lui avoir porté secours et de lui avoir sauvé la vie; il lui exprima son désir de manger et cette dernière se rendit à sa demande en allant chercher des herbes marines remplies de pucerons d'eau au fond de l'océan. Durant ces instants, Titan se tenait en équilibre dans le firmament, n'ayant plus de soutien pour ses pattes. Conie revint rapidement à la surface et remit à Titan la nourriture dont il avait tellement besoin afin de récupérer ses énergies.

 

S'étant rassasié quelque peu, il demanda à Conie la tortue si elle pouvait se rendre sur la terre ferme. Conie fit remarquer à Titan qu'elle n'avait pas l'habitude d'aller sur le rivage mais que pour lui, c'était chose différente et qu'elle ferait un effort pour lui indiquer la route à suivre et le mener à bon port, sans entraves. Aussitôt dit, aussitôt fait et voici nos deux amis en route vers le plancher des vaches.

 

Tout le long du parcours, Titan et Conie s'amusèrent follement en se racontant l'un à l'autre de petites mésaventures qui leur était arrivé au cours de leur vie respective; c'est dans cette atmosphère de camaraderie qu'ils réussirent à tromper le temps et la distance pour enfin toucher le sol. Titan ne put contenir sa joie et il offrit un spectacle de vraies bouffonneries à la tortue Conie; il plana à toute allure à travers les arbres de la côte, il se percha quelques secondes et reprit sa course effrénée de tourniquets et de glissades enjouées au-dessus des sables de la rive. Après ces manifestations peu coutumières, Titan s'approcha de Conie et la remercia encore une fois de lui avoir sauvé la vie. Conie, toujours très humble, rétorqua que ce n'était que normal et qu'elle ne méritait pas ces paroles de félicitations dirigées à son intention.

 

À tout événement, nos deux amis durent se séparer et c'est avec un serrement de coeur que le moineau Titan vit la tortue Conie prendre le chemin de sa demeure qu'est la mer. Mais ce n'est pas sous un signe d'adieu que Conie partit car elle laissa à Titan l'espoir de la revoir parce qu'au moins une fois à toutes les années, elle s'engage sur la grève et sous les sables brûlants, elle ensevelit ses oeufs afin de faire naître à la lumière du soleil d'innombrables petits bébés tortues qui, dès leur éclosion, se précipiteront aussitôt à l'océan.

 

C'est sur cette note encourageante que Titan quitta Conie et nul doute qu'il fut, le reste de sa vie, très heureux dans son logis, patrimoine de sa famille car il y a une chose qu'il a sûrement retenu et c'est le proverbe:

 « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras ».

 

Par la suite, Titan n'a plus eu le goût des grandes aventures à l'aveuglette car il avait eu sa leçon.