LES MOUETTES DE "MCDONALD" ?

Article de Michel Bourassa

Souvent, lorsqu'on ne connaît pas le nom exact d'un oiseau, on emploie un terme général et l'erreur la plus répandue est de surnommer le Goéland à bec cerclé, mouette et par surcroît, de "McDonald" parce qu'il est omniprésent à ces endroits pour gober toute nourriture échappée allant de la patate frite au morceau de viande.  La mouette représente une toute autre espèce et elle fréquente surtout les plans d'eau, n'étant aucunement urbaine; la plus répandue, au lac St-Pierre, est la Mouette de Bonaparte pour observer aussi, à l'occasion, la Mouette pygmée, la Mouette de Franklin et la Mouette atricille (anciennement à tête noire).

D'autres erreurs d'appellations se font encore aujourd'hui, même si elles sont moins fréquentes et l'une d'elles est d'appeler le Chardonneret jaune, serin.

Un serin correspond à un oiseau des îles Canaries, habituellement jaune, aussi baptisé canari; un autre oiseau ressemblant quelque peu au serin est la Paruline jaune.  Quant au fameux rouge-gorge de notre enfance, c'est simplement le Merle d'Amérique car le Rouge-gorge familier est une espèce européenne.

Encore aujourd'hui, la Bernache du Canada devient une "outarde" pour plusieurs, lorsque d'interminables voiliers arrivent au printemps; l'outarde est une toute autre sorte d'oiseau, principalement d'Afrique.  Ces impairs datent du début de la colonie française en Amérique du Nord lorsque les premiers colons ont découvert ces oiseaux inconnus auxquels, des espèces ressemblantes d'Europe, ces gens y ont prêté leurs noms.

Et quoi penser de l'habitude de signaler la présence d'un oiseau en l'appelant systématiquement un "moineau"?  Un moineau, c'est le Moineau domestique et pas autre chose mais par contre, une bonne excuse existe devant la panoplie d'espèces qui peuvent lui ressembler, tant par la dimension que par les similitudes de teintes brunâtres.  En effet, le Bruant hudsonien, le Bruant familier, le Bruant des marais, le Bruant à couronne blanche, le Bruant de Lincoln, le Bruant chanteur, le Bruant à gorge blanche, le Junco ardoisé, le Pipit d'Amérique, le Roselin pourpré et le Roselin familier, pour ne nommer que ceux-là, suffisent à confondre les non-initiés à l'observation des oiseaux.

Lorsqu'on dit avoir vu une "perdrix", ce terme est vague parce que la Gélinotte huppée est généralement le premier sujet aperçu, ou encore, il s'agit peut-être d'une Perdrix grise; ce sont les deux espèces les plus abondantes dans la région immédiate.  Il peut arriver qu'une Perdrix choukar s'échappe d'une ferme d'élevage et qu'un Tétras du Canada, en provenance de la Haute-Mauricie, aboutisse sur nos terres, mais dans les deux cas, c'est occasionnel et même très rare, surtout pour le Tétras du Canada.

Combien de fois, le Grand-duc d'Amérique, le Harfang des neiges, la Chouette rayée, la Chouette lapone, la Chouette épervière, le Hibou des marais et même la Petite Nyctale, se font traiter de "hibou"?  Très souvent, mais c'est en apprenant leur nom respectif qu'à la longue, on va avoir le bon, si on y tient vraiment.  Dans le cas contraire, ce n'est pas plus grave que ça, à moins d'appartenir à un club d'ornithologie où la précision est de mise.