LES ÎLOTS DU LAC ST-PIERRE

Article de Michel Bourassa

 

Au centre du lac St-Pierre, entre Louiseville et Pointe-du-Lac, sur le côté Nord, quatre îlots de pierres servent de brises-vagues afin de séparer celles-ci lors du passage des bateaux de plus en plus volumineux dans la voie maritime du fleuve St-Laurent.

Ces vagues causent d'énormes dommages au printemps lors de la crue des eaux aux chalets des villégiateurs, allant même jusqu'à défoncer les solages de ciment de quelques-uns d'entre eux.   La vitesse de ces mastodontes au large, surtout lorsqu'ils étaient remplis de marchandises, représentait le premier danger pour ces habitations estivales, problème résolu en partie avec une réglementation plus sévère et aussi avec l'agrandissement de ces barrages de "grosses roches" permettant de mieux scinder les vagues à leur départ de la voie navigable.

L'utilité de ces petites îles improvisées ne s'arrête pas là car plusieurs espèces d'oiseaux aquatiques les utilisent pour diverses raisons.  Le Goéland à bec cerclé, le Goéland argenté, le Goéland marin, le Cormoran à aigrettes, la Sterne pierregarin, à l'occasion la Sterne arctique et probablement depuis peu la Sterne de Forster en considérant aussi la Sterne caspienne, toutes et tous se reproduisent sur ces rochers fabriqués par l'homme en nichant à chaque année.

D'autres oiseaux par contre ne sont que de passage comme diverses espèces de bécasseaux, pluviers et chevaliers me donnant la chance dans le milieu des années 90 d'observer des Bécasseaux de l'Anadyr (anciennement à petit bec), espèce inusitée pour le Québec.  L'Arlequin plongeur, lui aussi, est dans son élément autour de ces îlots car la turbidité de l'eau en aval est très forte.

Ces îlots servent aussi de stations avec l'installation de tours pour capter des données concernant le comportement du lac selon la température, les vents, la vitesse de la formation des glaces en début d'hiver en relation avec les estacades installées à proximité de ceux-ci en aval et en direction de la Pointe Yamachiche.

Ces statistiques sur le lac Saint-Pierre pourront sur une longue période évaluer avec plus de précision le comportement de ce dernier et ainsi, éviter des catastrophes comme des embâcles résultant en inondations incontrôlables car l'écosystème du lac est très fragile et surtout capricieux devant les éléments naturels principalement le froid conduisant au gel et le vent amenant aux vagues.

Une certaine harmonie règne entre les îlots du lac St-Pierre et l'environnement immédiat constitué d'oiseaux, de poissons et de végétation marine et ceci apporte en plus, aspect non négligeable, un attrait visuel intrigant et assez unique pour les visiteurs de la Pointe Yamachiche.

Enfin, les vacanciers du bateau de croisières de Trois-Rivières, le M/S Jacques-Cartier, bénéficient d'explications relatives à ces îlots par le responsable de la randonnée lors de leur passage à proximité de celles-ci (environ trente mètres), geste très apprécié par plusieurs ajoutant de la valeur à ces installations déjà très utiles.

C'est un peu l'histoire de ces masses solides, souvent méconnues et surtout ignorées lorsqu'on ne connaît pas le pourquoi de leur existence; ces quelques explications pourront, j'espère, vous en avoir un peu appris sur le sujet.