LES HUMEURS DU LAC ST-PIERRE


Article de Michel Bourassa

La pluie diluvienne, descendue des nuages et noyée dans tes eaux,

À sa suite, apporte dans l'espace céleste, un soleil aux rayons d'or,


Lequel aspire de l'horizon, un chef-d'œuvre laissant sans mot,


Soit un ravissant arc-en-ciel, naissant au sud et mourant au nord.

 



La surface calme de ton liquide, quelques instants auparavant, agitée,


Semble se reposer de ses soubresauts, causés par le vent véloce


Et accueille les goélands et les huards avec une telle générosité


Qu'elle ressemble en tout point à ton immensité, chérie des amis d'Éros.

 

 


Les profondeurs de ton couloir fluvial, sillonné par les navires marchands,


Aux quinze mètres approximatifs et servant de refuge aux variés poissons,


Voient le niveau de ton lit, aussitôt rehaussé significativement en le lâchant.


Et dans sa marche vers tes bords, il domine ta masse aqueuse par ses dénivellations.

 

 



La brume qui, soudainement, s'invite au-dessus de ton élément, surprend


Et quiconque ose la défier, peut en rester prisonnier, à son grand regret.


Pour s'en libérer, la lumière du disque astral au sud, sert de cadran


Ou, comme guide, du nord et de la route, émane le bruit des autos, sans arrêt.

 



L'
automne te rend maussade par la grisaille qui envahit ton territoire


Pour épaissir ton émeraude fluide par l'action des nuits fraîches


Sans pour autant te faire perdre tes énergies, présentes soir après soir


Dans des assauts répétés sur les rives, rendant le sable rêche.

 


 


Lorsque l'homme s'entête à chevaucher tes fortes vagues en embarcation,


Il ne connaît pas tes forces et tes ruses pour tenter de le désarçonner


Et parfois, tu sors vainqueur d'un de ces combats de grands frissons,


Conduisant le téméraire au trépas, punition ultime du condamné.

 


 


Ton parrain, Jacques Cartier, te baptisant St-Pierre en te découvrant,


Aurait bien pu te nommer St-Paul, calendrier liturgique en habitude,


Lors d'un jour sur ton onde et d'un second, à l'autre, moins grand,


Devenu presque anonyme et encastré dans les terres du sud.

 

 



Comme étendue d'eau, tu es un précieux joyau pour combler nos sens,


Offrant à la vue, ton paysage en ta flore et ta faune, parmi tes richesses.


L'ouïe se délecte des sons de ta brise, de tes cris animaux et de ton silence,


Pour voir le toucher, sentir avec les doigts, ton eau comme une caresse.

 

 



Quant à l'odorat, il hume le parfum exquis des fleurs à tes berges,


Donnant au goût, à son tour, des sensations de plaisir, issues de ton sein,


Du nom de perchaude, doré et grenouille, accompagnés de tendres asperges.


Lorsque tu es serein, il n'y a pas plus beau lac que toi, Pierre le saint.