L'HOMME ET L'OISEAU

Article de Michel Bourassa

 

Cette matinée du 17 août 2003 s'annonce une journée accablante, avec le soleil de plomb qui est présent en ce moment, accompagné d'une humidité qui se fait de plus en plus sentir.  Assis sur mon siège de fortune, soit sur le tronc d'un arbre géant (probablement un peuplier) échoué sur la plage de la Pointe d'Yamachiche, je n'ai même plus l'énergie nécessaire pour continuer la recherche de nouvelles espèces d'oiseaux afin d'allonger la liste de recensement de ce jour.

Jusqu'à maintenant, quatre Plongeons huards, une quarantaine de Sternes pierregarins, quelques Bécasseaux semipalmés, les goélands habituels, un Martin-pêcheur d'Amérique et un Petit Chevalier composent principalement le paysage aviaire, ce qui est relativement tranquille pour cette période de l'année; les hirondelles sillonnent le firmament en complément.

Le silence presque total ajoute une atmosphère bucolique dans cette chaleur, me demandant même si je dois partir avant de m'assoupir et de me faire griller comme un poulet.  Je décide de demeurer encore une dizaine de minutes au cas où…

Je promène mes jumelles à quelques reprises sur le lac en face de moi, mais rien de nouveau.

C'est ce que je pense, mais en me tournant la tête vers la droite, arrive à toute allure, en vol, une jeune Hirondelle bicolore et à ma grande surprise, elle se pose à cinq pieds de moi sur le tronc (moins de deux mètres) sans se préoccuper de ma présence.

Elle va sûrement déguerpir lorsqu'elle va me voir, mais non, car elle me regarde, se lisse soigneusement les plumes et contemple son environnement, immobile.  À ce moment, je tente de me rapprocher très lentement d'elle en me glissant sur le billot, en hypocrite, tout en observant ses réactions:  elle ne réagit absolument pas, même si je suis à moins d'un mètre, pouvant même la toucher si je veux.  Déjà très près, je ne tente plus le diable, de peur de la faire fuir, et je continue à examiner les rives pendant que ma compagne ailée complète sa toilette tout en me jetant un œil de temps en temps.

Dans ce calme, elle daigne me tenir compagnie au moins vingt minutes avant de s'élancer dans le ciel et se mêler aux autres hirondelles; elle a temporairement, réussi à me faire oublier cette journée torride, exploit peu banal.