L'hiver se présente

 

En cet avant-midi du 26 décembre 2006, situé en face du lac Saint-Pierre, à l'extérieur du boisé et tout près de l'embouchure de la Petite Rivière Yamachiche, je cherche quelques rares spécimens d'oiseaux et après avoir repéré une dizaine de Grands Harles, le même nombre de Bruants des neiges et un Grand-duc d'Amérique, dans mon attente, je me mets à faire des constatations sur la transformation de mon environnement immédiat.

 

En effet, à mon arrivée, le sol était plus sombre qu'en ce moment, malgré la chute des flocons de neige plus volumineux des trente dernières minutes car ceux-ci ont diminué de taille et sont fondants, comme les premiers d'ailleurs. Ces derniers flocons mouillés se précipitent par terre, poussés par le vent, pour voir plusieurs d'entre eux disparaître en eau, semblant se sacrifier et ainsi se faire pardonner dû à leur absence pour le jour de Noël tout en permettant à tous ceux qui vont suivre de couvrir tout l'espace d'un immense édredon blanc, lequel isolera cette terre en dormance, pour ainsi mieux la protéger du gel dans ses entrailles et ses pores végétales.

 

Mais cette neige presque liquide mouille mes vêtements et je rebrousse chemin pour entrer au bercail.

 

Le lendemain, la neige ayant fait son oeuvre avec la collaboration du froid, je retourne au même endroit pour revoir le Grand-duc d'Amérique de la veille sur une branche d'un énorme peuplier, lequel semble dormir malgré les étranges bruits dans cette clairière du «petit royaume », juste avant l'entrée du boisé. En avançant vers la rivière, la froidure fait des siennes.

 

La glace, à ses premiers balbutiements, étant au début de son existence, sent sa fragilité en crépitant sous l'effet du froid, lequel soude des gouttelettes d'eau à son corps, encore en croissance; la légère marée du lac s'attaque aussi à la faiblesse de cette glace en la gonflant, pour lui arracher des plaintes ressemblant à des cris de pics.

 

Le sous-bois semble lui aussi avoir des ennuis avec le changement subit de température car, dès mes premiers pas en lui, j'entends quelques-uns de ses arbres géants qui craquent sous le gel et qui vacillent dans le vent; je crois être dans une forêt hantée, tellement l'atmosphère est crispant avec ces bruits insolites.

 

Pour ajouter à cette ambiance, certains arbres décident de se départir de leurs derniers lambeaux de neige glacée, en provenance de leurs plus hautes branches, et à, involontairement, me bombarder de ceux-ci; vraiment, la nature est réellement en effervescence aujourd'hui, et malgré ces petits aléas, j'apprécie tous ces moments en observant autre chose que des oiseaux et étant tout aussi intéressant dans la différence, en ce paysage de contes de fées, lequel a présenté deux visages opposés en autant de jours pour apporter de la magie dans l'air.