Historique de la Perchaude

du lac St-Pierre

( Deuxième partie )

( Concurrence de la pêche sur glace )

Le second événement du début des années 1970 est l'arrivée du premier pourvoyeur de pêche blanche ( sur la glace ) en hiver sur le lac St-Pierre à Maskinongé. Dans la même période, un autre pourvoyeur s'installait sur la rive Sud, pour voir sept à dix autres, selon les années, emboîter le pas et envahir les eaux des rives Nord et Sud pendant cette décennie; André Pellerin, de Yamachiche ( le Martin-pêcheur ) était l'un d'eux à s'installer en 1980. En cette année 1980, comme la Perchaude se vendait 40¢ la livre ( entière ), aux grossistes et au moins 3.00$ la livre ( en filet ) au détail, les pêcheurs supposés sportifs ont voulu profiter de la manne et ont commencé un commerce toléré et parallèle de la Perchaude, en compétitionnant les pêcheurs commerciaux, sous les yeux des autorités gouvernementales, ces derniers prétextant une situation économique précaire. Tout a été mis en oeuvre par certains pêcheurs sur la glace pour ternir la réputation des pêcheurs commerciaux, oubliant même que ceux-ci leur avaient permis de connaître cette ressource inespérée; il ne peut pas y avoir plus d'ingratitude. Quelques-uns de ces pêcheurs, sans permis de pêche commerciale, capturaient la Perchaude en eau libre et vendaient leur pêche au marché public en côtoyant des pêcheurs commerciaux: il fallait le faire!

 

Dans les années après 1980, comme les prix vont être toujours à la hausse pour la Perchaude, l'appât du gain va gagner tout le monde et les confrontations vont s'accumuler.

 

À la fin des années 1970, avec la construction de l'autoroute 40 à la hauteur de Yamachiche, laquelle autoroute passe directement au milieu de la " Grande Anse " ( entre Louiseville et Yamachiche ), la Perchaude va perdre la moitié de cette frayère importante pour la reproduction et va être aussi, beaucoup plus facile à capturer par les pêcheurs commerciaux car l'autoroute correspondra à une barrière qui l'obligera à demeurer sur place et à entrer automatiquement dans les nasses. Ne subissant aucun contrôle, les pêcheurs sportifs déguisés en commerciaux vont commencer à implanter assez solidement leur réseau de vente de la Perchaude et comme le M.L.C.P. ( Ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche ) leur a toujours accordé la priorité sur la pêche commerciale, ces sportifs vont largement en profiter, ayant légalement le droit de vendre les prises à la ligne ( même sans permis de pêche commerciale ).

 

Plus on a avancé dans les années 1980, plus les volumes de captures ont augmenté pour les commerciaux ( de 99 tonnes en 1975 à 216 tonnes en 1989 ) et il en fut ainsi pour les sportifs commerciaux, lesquels ont envahi les pourvoiries du lac St-Pierre mais n'ont jamais fourni de statistiques sur leurs prises et ça semblait normal pour le M.L.C.P. . Dans la deuxième moitié des années 1980, plusieurs printemps ont donné un niveau d'eau très bas en avril, occasionnant probablement des pertes d'oeufs de Perchaude, lesquels oeufs n'avaient pas eu le temps d'éclore avant le retrait des eaux; l'augmentation de la Carpe allemande et du Poisson-castor comme populations fréquentant la " Grande Anse " de Yamachiche vers la fin d'avril était une autre situation néfaste pour la Perchaude car ces deux espèces raffolent de ces oeufs. En 1990, je vendais la Perchaude en filet à 5.50$ la livre, soit deux ans avant l'arrivée à Nicolet de la Coopérative des Pêcheurs Commerciaux du Lac St-Pierre; étant actionnaire dans cette coopérative, 196 tonnes de Perchaude ont été prélevées en 1992, mais une mauvaise gestion a conduit directement cette entreprise à la faillite pour voir chaque pêcheur commercial retourner chacun à son commerce familial dès 1993; cette coopérative avait été presque imposée par les autorités gouvernementales du Québec et ne faisait pas l'unanimité parmi les pêcheurs commerciaux. Dans les années 1990, a débuté le creusage de la voie maritime au lac Saint-Pierre à chaque automne et les sédiments combinés aux eaux basses fréquentes ont commencé à remplir le lit du fond de chaque baie du lac en plus de voir les joncs séchés s'ajouter à ces matières sableuses et vaseuses venues du large; les eaux du lac Ontario ont aussi contribué aux pertes de la superficie totale des frayères du lac St-Pierre en étant retenues sur de plus grandes périodes, manquant d'eau lui-même ( lac Ontario ).

 

Dans la deuxième partie des années 1990, deux faits très importants sont survenus et le premier fut un premier contrôle sur la pêche sportive à la Perchaude par le M.E.F. ( Ministère de l'Environnement et de la Faune ) en mettant un quota journalier et en interdisant la vente de ce poisson lucratif car cette Perchaude était déjà rendue aux alentours de 7.00$ la livre, en filet.