C'EST GRISANT !

Article de Michel Bourassa

Certains oiseaux, en migration, sont plus difficiles que d'autres à observer, surtout lorsqu'ils sont rares.  L'un de ceux-ci est sans contredit la Paruline à gorge grise, aux grands yeux voyants avec l'anneau blanc les entourant; cette paruline discrète est aussi très silencieuse dans ses déplacements d'automne, ce qui rend la tâche encore plus dure pour la trouver dans les broussailles ou la densité des branches basses et feuillues des arbres.  Mais lorsque l'oiseau désiré accapare, sans avis, les loupes des jumelles, c'est un moment euphorique.  Il y a eu deux recensements en 17 ans et à chaque fois, à la Pointe Yamachiche; il ne faut pas la prévoir, elle est erratique.

Une autre rareté qui se fait prier pour nous apparaître lors de la migration du printemps et celle de l'automne, est la Grive à joues grises, laquelle m'a ravi en trois occasions lors des cinq dernières années et ce, toutes à la Petite rivière Yamachiche. Cette grive est aussi craintive et muette que la Paruline à gorge grise, mais ce qui la rend un peu plus facile à débusquer dans les arbustes, surtout dans le hart rouge, est sa dimension plus forte; en 2003 et en 2004, elle s'est retrouvée dans le même secteur, soit celui des grives, accompagnant pendant quelques jours la Grive solitaire, la Grive fauve et la Grive à dos olive.  Peut-être restera-t-elle fidèle à cet endroit car cette espèce est une faveur pour tout observateur.

Le troisième oiseau dont je veux vous entretenir est loin d'être absent du paysage, surtout en hiver, car il chasse les petits volatiles comme les bruants et les mésanges, entre autres, et il répond à la Pie-grièche grise, laquelle s'attaque quelquefois au Pic chevelu, au Vacher à tête brune et à la Tourterelle triste, des oiseaux aussi gros qu'elle.  S'il est question de cette espèce, c'est le résultat d'une expérience vécue le 5 janvier 2005 à la Petite rivière Yamachiche et elle commence comme à l'habitude lorsque je repère cette habile "tueuse" perchée à la cime d'un arbuste, cherchant une potentielle proie; je m'en rapproche pour m'assurer que ce n'est pas une Pie-grièche migratrice.

Mais, au bout de cinq minutes, cette Pie-grièche grise s'élance dans le ciel pour battre très rapidement des ailes à la Martin-pêcheur d'Amérique tout en demeurant sur place dans son vol, lequel frôle celui du Colibri à gorge rubis dans la vitesse de ses membres ailés, ce qui est très intéressant et très grisant à la fois.