CHASSE FRUCTUEUSE

Article de Michel Bourassa

 

Je me dirige comme presque à chaque jour de l'hiver à un de mes endroits de prédilection pour l'observation, soit le secteur du chemin de fer (route de la Chicane) où l'élévation de la route me permet de voir une grande partie du territoire de la municipalité, composé de vastes champs occupés par des pylônes électriques et de quelques arbres solitaires, des postes potentiels et parfaits pour les rapaces; aussi, sur le chemin conduisant à la voie ferrée, cinq peupliers géants d'un côté et quatre autres plus loin, au bord opposé, servent de perchoirs à plusieurs espèces d'oiseaux et justement, je sais que déjà depuis deux semaines, une Chouette épervière s'y trouve régulièrement au sommet de l'un ou l'autre des peupliers et, en cette journée, elle ne fait pas faux bond et elle est au rendez-vous car je la repère de loin.  J'avance plus lentement en me confondant quelque peu à l'environnement tout en glissant le long des arbres pour enfin l'observer correctement à une distance raisonnable en sachant son peu de crainte de l'être humain.  De biais avec elle, sur la première branche basse du peuplier, la Chouette épervière, tout en fixant la neige vers une ouverture dans le boisé en face de moi, plonge à toute allure vers celui-ci en ouvrant les ailes dans un atterrissage, pattes devant, comme pour saisir une proie et effectivement, elle fait mouche puisqu'elle remonte immédiatement sur son juchoir favori avec une souris des champs dans ses griffes et elle la mange avec appétit sans se soucier de ma présence; je me demande si elle m'a vu tout au long de cette période, concentrée comme elle l'était.  De toute manière je ne pouvais pas avoir un meilleur endroit pour assister au spectacle, soit en avant, dans la première rangée, si on peut dire.