Il était temps !

 

L'observateur d'oiseaux persévérant doit s'armer de patience pour trouver certains spécimens comme le Râle de Virginie, la Marouette de Caroline et le Coulicou à bec noir, entre autres. En autant que ceux-ci sont sur le territoire couvert par l'ornithologue amateur, les efforts fournis rapportent très souvent, mais lorsqu'un oiseau comme le Petit Blongios, le Petit-duc maculé ou le Coulicou à bec jaune, pour ne nommer qu'eux, n'a jamais été vu sur ce même lieu, l'espoir est le dernier recours et encore ! Ce préambule aidera à comprendre l'observation ci-dessous car elle est exceptionnelle.

 

À la petite rivière Yamachiche, en ce 22 juillet 2006, je suis à la recherche de la Marouette de Caroline et j'ai peut-être une chance qu'elle soit dans les parages car, hier, j'ai surpris un Râle de Virginie à un îlot de joncs, près de l'embouchure de ladite rivière.

 

Vers 16h15, je m'installe à la rive est du cours d'eau et je promène mes jumelles à l'orée des tiges vertes, au sol de la rive ouest, en face de l'endroit où le râle se trouve habituellement. Je suis récompensé après vingt minutes d'attente par l'arrivée de deux Râles de Virginie, lesquels s'amusent à apparaître et disparaître dans la végétation; j'apprécie cette fébrile activité mais toujours pas de marouette dans les alentours.

 

À 16h40, un petit échassier fait irruption des joncs où les râles se situent et ma première impression est de voir un Butor d'Amérique mais en le suivant dans son vol, j'identifie presque à coup sûr un Petit Blongios pour le voir disparaître dans un autre îlot, à peine à vingt mètres de son départ.

 

Par chance, il s'y faufile pour se percher sur une tige, au milieu de celui-ci et à découvert, en plus; je peux facilement authentifier que c'est un Petit Blongios, femelle, avec sa calotte et son dos brun. Dans la minute suivante, la "petite merveille" s'envole en arc-en-ciel pour retomber dans un autre amas d'herbes aquatiques; à Yamachiche, c'est une première à vie pour un observateur et j'ai le privilège d'être celui-ci ! De la pure magie et il était temps de voir cette espèce car je désespérais.

 

Le lendemain, au même endroit, soit à la Petite rivière Yamachiche, je tente de retracer cette trouvaille exceptionnelle et à 15h20, à cent mètres de l'environnement de l'observation de la veille et dans un autre îlot de joncs, j'entends des cris jusque là inconnus pour immédiatement voir le Petit Blongios, en vol, s'engouffrer dans d'autres herbes hautes. En surveillant le site, je remarque une bruyante activité, me laissant soupçonner qu'ils sont au moins deux et même plus, s'ils y ont nidifié.

 

Une première réponse m'est donnée lorsqu'un individu en sort dans un vol presque horizontal et s'éloigne à son lieu d'origine en répétant ses cris distinctifs de " kek , kek, kek ";ce blongios est un mâle, à la calotte et au dos noirs, ce qui suppose qu'il y a au moins un couple dans la "petite baie" Yamachiche.

 

À cette période du recensement, il y a de fortes possibilités que le couple ait niché à cet endroit, ce qui serait une excellente nouvelle pour cette espèce en danger. J'espère les revoir en 2006. D'autres réponses pourraient être données en 2007, s'ils décident de revenir et que je peux encore les recenser.