UNE ESCALE DANS LE VOYAGE

Articles de Michel Bourassa

Assis confortablement sur le siège avant de ma chaloupe, au centre du lac St-Pierre, par une fin d'après-midi d'automne, je récolte et appâte dans un même temps sur les "lignes dormantes" (équipements de pêche pour la capture des esturgeons jaunes).  Je travaille à un bon rythme sous une température douce mais maussade tout en étant dans un vent léger et ma routine se brise lorsqu'à l'arrière de la barque, près du moteur, je vois arriver un petit oiseau tout ébouriffé, voletant quelques instants pour enfin se poser sur le siège arrière et examiner les lieux; il commence alors à s'alimenter des "pucerons d'eau" près des flancs sur le plancher de son refuge, lesquels s'y trouvent, remontés du fond de l'eau et cachés dans les herbes marines et les débris d'appâts.

Après une dizaine de minutes de gavage, le passager clandestin grimpe sur le siège tout en s'aventurant sur la poignée du moteur et s'immobilise; à mon étonnement, il ne semble pas intimidé par ma présence et encore plus, il décide à voler vers moi et passer dans mon dos pour s'arrêter sur la tablette avant de l'embarcation dans la "pointe"; à l'abri du vent, et s'y coucher.  Dans cette position, il me regarde constamment, et ce, durant environ quinze minutes, avec ses yeux vifs, son plumage grisâtre et muni d'un petit bec pointu (probablement un Roitelet à couronne rubis); il est comme chez lui.

Après ce repos salutaire, il reprend tout bonnement sa route dans un vol erratique au-dessus des eaux et ce, vers le sud; comme imprévu, c'est vraiment spécial, surtout que je ne suis pas encore un observateur d'oiseaux, car c'est au début des années 1980.

VERS UN VER À REVERS

Ayant lu que le Merle d'Amérique sautille sur le gazon pour une seule raison, soit créer des vibrations au sol et attirer les vers de terre à la surface pour ainsi les attraper de son bec en revenant sur ses sauts, je m'évertue à vérifier cette théorie un bon soir printanier et justement, j'assiste au rituel d'un de ces merles pour le voir capter un lombric après un aller-retour dans ses déplacements sautés.

Ma lecture était véridique mais je voulais faire mon "Thomas" et je suis maintenant satisfait des résultats concluants de ma petite enquête.