Deux histoires drôles de chasse au canard

 

Nous entendons souvent les pêcheurs et les chasseurs raconter leur propre histoire concernant un exploit mais nous avons parfois des doutes sur son authenticité, connaissant la réputation d'exagération des faits par quelques-uns de ces derniers. Mais les deux situations qui vont suivre ont été vues et vécues par votre humble serviteur et elles sont dignes de mention.

 

Le premier cas survient dans les années 1980, près des rives du Lac Saint-Pierre et ce, en face d'un chalet d'été. Vers l'heure du dîner, mon père et moi revenons des lignes à Esturgeons jaunes ( situées près de la voie maritime ) et accostons au rivage du lac mentionné ci-haut; je mets la chaloupe à l'ancre pendant que le paternel se dirige vers un chasseur à l'affût à près de cinquante mètres de nous, lequel est une de ses " connaissances ".

 

L'individu semble d'excellente humeur, d'autant plus que la journée est splendide avec la présence du soleil. En s'avançant vers mon père, il se retourne rapidement vers le lac tout en pointant son fusil vers le ciel pour tirer sur une volée de cinq ou six Petits Fuligules et voir un de ceux-ci être atteint et tomber sur l'onde. Ayant furtivement aperçu une embarcation sur l'eau, un peu plus loin, je la vois arriver à vive allure avec deux chasseurs à bord et l'un d'eux attrape le canard à la flotte et ce, sans arrêter et poursuivre leur route tout en criant à l'ami de mon père ( dans l'eau, déjà rendu à mi-chemin de son canard, malheureusement perdu ) que c'est eux qui l'ont tiré et non lui; immobile, avec de l'eau aux genoux, il vocifère à presque s'égosiller après ces deux " kidnappeurs ", mais en vain, car ils sont déjà loin.

 

Discrètement, en apportant les esturgeons capturés au camion, je ne peux m'empêcher de trouver cette aventure de chasse très drôle, ce qui n'est pas le cas pour la victime de ce larcin, revenant tout dépité vers mon père.

 

La deuxième situation se produit quelques années plus tard et ce, au même endroit, à la fin d'un après-midi radieux. Avant de me rendre à mes équipements de pêche, je rends visite à un de mes amis, lequel est à son chalet et en venant à ma rencontre, je le salue pour le voir m'interrompre immédiatement et me dire de parler à voix basse; il se prépare à aller chasser le canard car il a son fusil en main.

 

Tout en regardant vers le lac, il me signale qu'il y a un Canard noir tout près du rivage, sur l'eau, et qu'il va tenter de le tuer; aussitôt dit, aussitôt parti ( mon ami, pas le canard ! ). Je le regarde ramper au sol, dans les herbes hautes jaunies, tout en essayant de trouver son fameux canard mais je ne le trouve pas; après quelques minutes à se camoufler du mieux qu'il le peut, il arrive à proximité du cours d'eau, se lève et tire rapidement, pour voir disparaître une masse noirâtre s'appelant " terre ".

 

Son fameux Canard noir était un petit monticule de terre vaseuse et noire de la grosseur de cet oiseau aquatique; inutile de dire qu'encore une fois, je me bidonne, surtout que mon copain est encore incrédule, face à cette mésaventure inattendue.

 

Afin de protéger sa réputation de tireur d'élite, je ne vous donne pas son nom mais son frère est secrétaire-trésorier de la Municipalité d'Yamachiche et son prénom est le même que le mien; je respecte ainsi ma promesse !