David et Goliath

 

Un matin de mi-novembre 1987, à ma deuxième journée comme observateur d'oiseaux et ayant installé une mangeoire à aire ouverte la veille, je suis à l'affût très tôt et la Sittelle à poitrine blanche, vue hier ( je suppose que c'est la même ), reprend où elle a laissé en se promenant de la mangeoire aux arbres. Peu à peu, quelques Mésanges à tête noire se présentent à la table et se servent généreusement et, des Quiscales bronzés, avec leur imposante stature, ne se gênent pas pour prendre place à leur tour. Mais un de ces Quiscales bronzés a la leçon de sa vie en voulant prolonger son séjour à la mangeoire, tant convoitée par tous, et c'est lors de ce moment privilégié que je réalise l'instinct très prononcé de survie dans chaque espèce animale.

 

L'énergique Sittelle à poitrine blanche, sautillant nerveusement depuis déjà quelques minutes sur les branches avoisinantes et devenant très impatiente ( car le fameux Quiscale bronzé n'en finit plus de manger ) décide tout à coup, sans avertissement, de s'enligner directement vers la mangeoire, à toute vitesse, et de frapper avec son bec le cou du quiscale, lequel, abasourdi, quitte les lieux sur le champ: quelle bravoure !

 

Comme première expérience dans la vie de tous les jours des oiseaux, c'est impressionnant tout en étant révélateur et j'ai déjà hâte à la prochaine séance d'observation.

 

Le mort-vivant

 

Pour tous ceux qui détestent garder des arbres morts ou malades sur leur terrain, surtout dans un boisé, pensez-y à deux fois avant de les couper, à moins qu'ils soient dangereux pour votre maison ou encore pire, pour les passants. Ce qui suit va probablement vous influencer favorablement afin de leur donner un sursis.

 

Ayant quelques-uns de ces arbres, à l'article de la mort et même passés à trépas, lors d'un début de soirée où le soleil frappe de ses rayons la vitrine de ma fenêtre, je tente avec peine à observer et je réussis à cibler un de ces arbres dépouillé de son écorce et je suis attiré par une activité fébrile sur celui-ci; en effet, le faîte cassé et tombé, retenu par quelques lisières de bois déchiré, neuf oiseaux y circulent comme sur une autoroute se répartissant comme suit: deux Pics mineurs occupés dans leur perçage, quatre Orioles de Baltimore contournant les branches desséchées, un Moineau domestique couché au sommet de la cassure et enfin, deux Sittelles à poitrine blanche, descendant le tronc. Une telle utilité d'un arbre dans cet état est suffisante pour me convaincre de le conserver quelques temps encore.