Le chant de Caroline

Article de Michel Bourassa

 

Le 6 septembre 2001, en tout début d'après-midi, je quitte le domicile en vélo afin de me rendre à la Pointe d'Yamachiche et c'est par une journée ensoleillée et chaude que je tourne le coin de la rue et dès cet instant, un chant d'oiseau inconnu, aussi mélodieux que puissant, se fait entendre et me fait immédiatement tourner sur mes roues et délaisser mon moyen de transport pour le déposer par terre afin de faciliter mes déplacements.

 

Avançant lentement et sur la pointe des pieds en direction de la haie de mon voisin, laquelle longe toute la rue, je tente de repérer le mystérieux voltigeur qui se dissimule dans les branches et les feuilles de la clôture de végétation. Sa progression est facile à suivre grâce à son chant impressionnant par sa variété et sa force mais je ne parviens pas à le voir parfaitement car il est presque toujours de l'autre côté de la haie dans le feuillage fourni; je vois une éclaircie à proximité de son avancée et je crois réellement que cet oiseau va révéler son identité dans les prochaines secondes.

 

Pas à pas, je le surveille au rythme des sons et des ombres et il arrive enfin à l'endroit prévu sur une branche près du sol et surtout à découvert, ce qui donne la chance à mes lunettes d'approche de le saisir instantanément pour le ravissement de mes yeux par l'apparition d'un Troglodyte de Caroline. Cette petite merveille, quelque peu nerveuse, a daigné me prévenir de sa présence, sûrement involontairement, et je lui en suis très reconnaissant car, à peine deux semaines auparavant, dans les arbustes, à l'embouchure de la Petite rivière, un membre de son espèce, si ce n'est lui, fut l'objet d'observation par un de mes amis à un mètre de moi, sur une branche, avant de descendre directement au sol dans les Impatientes et disparaître; à ce moment, la frustration fut à son comble mais en ce jour, le tout entre dans l'ordre et le coeur palpite encore face à la possibilité de l'avoir perdu dans une fuite au travers du terrain gazonné du voisin vers la verdure de la rivière, ce qui n'a pas été le cas, heureusement.