CAPTURES EXCEPTIONNELLES À LA PÊCHE COMMERCIALE

Article de Michel Bourassa

Au fil de trente-deux années de pêche commerciale, j'ai capturé des milliers de poissons, souvent les mêmes espèces, selon les saisons mais, à l'occasion, une surprise se trouvait dans l’un des filets, quelquefois presque incroyable.

En tête du palmarès se retrouve le fameux Phoque gris, faisant le mort dans le verveux avec quelques centimètres d'eau seulement pour le rafraîchir (expérience décrite dans l'article "Un phoque qui est perdu en maudit").  Une autre situation inédite lors de la récolte des poissons fut la trouvaille d'une jeune Plie morte, un certain jour de printemps, parmi les feuilles gisant au fond de la barque.  La Carpe miroir, une des trois espèces de Cyprinus carpio, fut un poisson d'élevage étonnamment pris certaines fois.

Un Saumon coho d'environ deux kilos, quelques Truites brunes et deux Ombles de fontaine sont d'autres poissons très rares qui sont déjà entrés dans l’une des nasses; aussi un Saumon chinook a déjà été capturé par un pêcheur du lac St-Pierre.

D'autres prises furent beaucoup moins intéressantes lesquelles se retrouvaient sur le plancher de la chaloupe, soit la Lamproie marine et la Necture tachetée, la première, se présentant dans les eaux chaudes de juin et l'autre, au contraire, tôt au printemps ou tard à l'automne, dans les eaux froides;  ces deux habitants de l'onde ne sont pas comestibles.

Même des tortues (voir l'article "Les amphibiens" pour plus de détails) se sont permises d'être présentes dans certains verveux au cours des ans.

Deux des poissons moins fréquents dans la récolte correspondent au Malachigan, une espèce semblant être malade, tellement elle a un dos mince à comparer au reste de son corps, et au Chevalier cuivré, une espèce menacée au Québec et protégée.

Pendant toutes ces années, un Castor et quelques Loutres de rivière ont, malheureusement, trouvé la mort en entrant dans un filet immergé (des situations inévitables).

Envasés dans les baies, des grenouilles et des ouaouarons se retrouvaient souvent dans les filets avec les poissons, au printemps, lors de leur sortie d'hibernation et aussi, à l'automne, lorsqu'ils retournaient s'enfouir dans la terre boueuse des eaux du lac St-Pierre.

Il faut aussi signaler plusieurs espèces de canards capturés lorsque le niveau de l'eau changeait rapidement, leur permettant d'entrer dans les nasses et parfois, malheureusement, en noyer quelques-uns d'entre eux lors de l'immersion des verveux à la remontée de l'onde.  La Gallinule poule-d'eau et le Cormoran à aigrettes sont deux autres espèces d'oiseaux aquatiques qui, à l'occasion, ont aussi trouvé la mort dans ces cages à poissons;  un Grand Héron (consulter l'article "Ça ne file pas, mon grand?") s'est même permis deux incursions dans le même filet de pêche.

Toutes ces captures ont changé la monotonie de mon travail de tous les jours pour y ajouter du "piquant" et m'en apprendre encore plus sur la nature.