La buse adorée

 

Article de Michel Bourassa

 

 

En ce 1er mai 2002, au beau milieu de l'après-midi, je m'oriente avec ma bicyclette vers l'est dans ma municipalité, à peine à un kilomètre de mon domicile et je m'arrête en face de la route gravelée habituelle où j'effectue mes observations: de vastes champs dégagés avec quelques arbres ici et là, tableau idéal pour les rapaces et autres membres de la grande famille des oiseaux.

 

Au loin, dès mes premiers repérages au bout de mes jumelles bien ajustées, quatre Corneilles d'Amérique défilent et longent la route reliant le village ( Yamachiche) à l'autoroute, suivies de quelques "oiseaux noirs". Aussi, quelques Goélands à bec cerclé se promènent dans toutes les directions, ce qui complète le menu, pour l'instant, des espèces présentes: pas fort fort comme plat de résistance. Mais le dessert s'en vient et ce sera un régal car je ne connais pas encore la surprise qui m'attend.

 

En effet, reprenant une autre tournée de 7X35, à l'horizon, un semblant de rapace s'avance lentement vers moi, tellement il est parti de loin, et au fur et à mesure de sa progression, ma première impression s'avère la bonne car c'est une buse et je n'ai qu'à mettre un nom dessus. Dans un même temps, je suis déconcentré par une camionnette qui s'amène à " pas de tortue " sur le chemin non asphalté pour s'immobiliser à ma hauteur; la conductrice, que je pense reconnaître à sa voix, engage la conversation, sans que je la regarde, toujours occupé à tenter d'identifier ladite buse, ce dont je m'applique à lui expliquer tout en m'excusant de mes réponses parfois confuses à ses questions.

 

Enfin rendue à proximité et en tournant de côté, au-dessus de moi, la fameuse buse révèle son identité et surtout sa beauté; en effet, avec le dessous doré en grande partie, c'est assurément une buse de Swainson juvénile ( de la forme claire ) et cette magnificence est rehaussée par une soudaine percée du soleil dans le ciel nuageux, lequel reflète sur son corps: le tout est simplement fabuleux !

La situation est parfaite mais aussi, un peu loufoque et même embarrassante car, dès l'authentification de ce rapace, je baisse mes jumelles pour constater que je ne parle pas avec la jeune femme que je pense mais avec une autre; au moins, je la connais, elle aussi, et elle ne se rend pas compte de ma méprise. Je suis probablement meilleur pour reconnaître un oiseau qu'une femme…

 

Mille excuses à vous, mesdames.