De belles pitounes

 

 

Anciennement, jusque dans les années 1960, à chaque printemps lors du dégel des rivières, les pitounes descendaient ces cours d'eau et ce, par milliers et on les enfermait dans des enclos à l'embouchure de chaque rivière du lac St-Pierre avant de les transporter aux moulins à papier de Trois-Rivières avec des cages flottantes adaptées pour ces fameux bois mous.

 

Très souvent, lors de tempêtes de vent, plusieurs billes de bois sortaient des estacades dû aux vagues répétées et trop puissantes et dérivaient vers l'est au lac St-Pierre pour aller s'échouer, pour la majorité d'entre elles, tout le long de la Rive Nord. C'était des moments privilégiés pour plusieurs propriétaires de chalets, certains pêcheurs commerciaux et autres citoyens de la municipalité car tous ces gens pouvaient se procurer du bois gratuitement, lequel servait à divers usages.

 

Ces pitounes de quatre pieds de long en épinette arrivaient de l'embouchure de la Rivière-du-Loup à Louiseville et s'échelonnaient au moins jusqu'à Pointe-du-Lac et quelques autres remontaient le lac lors des vents violents de l'est en provenance de la sortie de la rivière St-Maurice ( Trois-Rivières ) ou de la région immédiate des moulins à papier; plusieurs de ces billes avaient un intéressant diamètre de 12 pouces ( un pied ). Ce bois était récolté en chaloupe ou même à gué et certains printemps, plusieurs cordes métriques étaient empilées à la rive pour le séchage avant le transport au moulin à scie et avant le sciage en planches et madriers; ensuite, ça servait à construire des bâtisses ( hangar, remise, poulailler ), à faire des réparations ou à d'autres usages personnels et à l'occasion, ce matériau d'épinette était vendu afin de faire quelques sous dans ces années difficiles.

 

Les dernières pitounes perdues le long du lac St-Pierre l'ont été probablement dans les années 1960 et a coïncidé avec l'arrêt de la drave dans les rivières de la région de la Mauricie, laissant la place au nouveau moyen de transport, soit le camion, en mettant un terme définitif au flottage du bois et ne mettant plus en jeu la vie de dizaines de draveurs.

 

Il est à noter que ceux qui transportaient les pitounes et les autres produits du bois dans des cages sur le lac St-Pierre étaient surnommés les « cajeux ».