Rêves magique d’oiseaux

 

                                                           ENVOÛTRON TROPICAL

 

                                                            Texte de Michel Bourassa

 

Au cœur de la nuit du 4 avril 2016, dans le repos du corps, mon cerveau invite trois sommités de l’ornithologie québécoise, accompagnées de cinq autres observateurs et observatrices, à l’envahir par l’entremise d’un songe et celui-ci va se dérouler dans une cascade de sensations au fil des surprises aviaires. En effet, dès la première seconde, une chaleur tropicale se présente à nous tout en nous accueillant avec des décors naturelles typiques des pays chauds.

 

Ayant eu le privilège d’être les hôtes de mes méninges, les trois spécialistes des oiseaux lui rendent la pareille et me réservent une place de choix pour cette sortie cérébrale de recensement, soit directement à côté d’eux! Et l’aventure débute.

 

À peine montés sur le plancher de la passerelle, car ça se passe sur un tel site, la luxuriance des lieux frappe notre imaginaire par ses beautés et ses variétés d’arbres et de plantes, les dites variétés agençant les couleurs à émerveiller les âmes les plus insensibles. La passerelle, avec une rampe de moins d’un pied de haut, laisse voir dès les premiers instants une kyrielle de parulines qui enchantent nos yeux, dont plusieurs sont inconnues de la majorité des participants; c’est un très bon début.

 

Pour une raison inconnue, nous devons faire nos déplacements sur les genoux en glissant avec des poussées occasionnées par le pied gauche, car nous allons vers la droite. Après seulement quelques dizaines de mètres à agir de cette manière, une étonnante créature circule dans un espace dégagé de végétation et ressemble à la fois au Géocoucou, soit à un oiseau coureur, et au caméléon, soit un reptile saurien : une étrange bibitte quoi! Mes trois amis invités par mon cerveau sont ébahis et des plus excités par cette trouvaille, car c’est une première pour eux, et pour nous tous, bien entendu!

 

 Après ces émotions fortes, le périple se poursuit et des découvertes se multiplient au fur et à mesure que les minutes passent, ce à la plus grande satisfaction de nous tous. L’acmé de ce voyage neural va être atteint lorsque l’inattendu survient, soit l’irruption d’un oiseau sorti de nulle part et même inconnu de nos trois amis experts, ce spécimen à la tête combinant deux espèces, soit le haut avec le front et les yeux de la Nyctale de Tengmalm, et le bas de cette même dite tête avec le bec quasi-absent à l’apparence de la gueule de l’Engoulevent d’Amérique; ses couleurs sont des bruns foncés nuancés, entremêlés de lignes irrégulières blanchâtres, pour donner, avec ces mouchetures, un oiseau des plus étonnants!

 

Les spécialistes du Québec se permettent de baptiser cet individu du nom d’Envoûtron tropical, ayant envoûté tous les ornithologues amateurs devant lui. Par mon réveil, l’aventure cérébrale se termine sur cette bonne et heureuse note, mon cerveau ayant remercié ses trois invités pour leur participation, laquelle a été bien appréciée de ma part.