JEUX DE COUR ET DE SOCIÉTÉ 

 

                                                             Texte de Michel Bourassa

 

Ci-dessous, plusieurs jeux de notre jeunesse seront énumérés, autant ceux à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison, soit notre territoire de nos premières années de vie, soit entre 1945 et 1965.

 

Les cadeaux du Temps des Fêtes sont les premiers souvenirs de l’enfance, même avant l’âge de raison, soit nos 7 ans. Parmi ceux-ci, il y avait le petit camion, le boulier-compteur, le fusil en plastique, le petit piano, la lyre, la chaudière en plastique avec les outils s’y rattachant comme la petite pelle, l’écuelle, le râteau et l’arrosoir, les oiseaux à bascule avec le fusil à suces, l’arc avec ses flèches, le jeu de croquignole, le polichinelle en linge, le bâton de baseball en plastique (parfois en bois, plus tard) et le hockey, la rondelle, le ballon, le petit gant de baseball, la super-balle, soit la bleu-blanc-rouge, la petite auto, le tambour, les dards; pour les filles, la poupée, le toutou, la corde à danser, le ballon de caoutchouc, le carrosse et la fameuse boîte de carton vide, entre autres.

 

Il ne faudrait pas oublier les cadeaux de Saint-Nicolas, à la salle des Chevaliers de Colomb de la rue Nérée-Beauchemin, ce au début des années 1950; cette salle était toujours pleine à craquer lors de ce rendez-vous annuel pour les jeunes enfants, ce pendant plusieurs années. C’était une heureuse et généreuse initiative du Conseil 2998 des Chevaliers de Colomb de Yamachiche.

 

Un peu plus tard en âge, c’était au tour de la flûte, de la tuque et du chandail de hockey, du ballon de football, de l’ourson ou de toute autre peluche, du poêle et du petit set de vaisselle, du set de maquillage, de la carabine à plombs, des patins et j’en passe.

 

De bons souvenirs que d’avoir connu les petits soldats et les petits « indiens » en plastique obtenus avec nos « chips » Davy Crockett ou Adams; aussi, le fameux petit cadeau mystère de la boîte de Cracker Jack! Il ne faut pas oublier les petites histoires du papier renfermant notre gomme baloune; en parlant de gomme, les paquets de cartes, autant de baseball, de hockey, de lutte ou d’artistes, renfermaient une gomme « pas mangeable », laquelle goûtait le savon et que l’on jetait souvent, les cartes étant notre seul intérêt.

 

La voiturette, la trottinette, la voiture à pédales, les skis, la boîte à savon pour les côtes, le traîneau, la traîne sauvage et les patins à roulettes sont quelques-uns des moyens de transport miniatures utilisés pour nos loisirs.

 

La capture de grenouilles et de crapauds, activité de gars principalement, énervait beaucoup la mère et les sœurs, surtout lorsqu’un de ces batraciens était échappé dans la maison et qu’il se cachait sous un meuble; à ce moment, une certaine panique régnait et des réprimandes s’annonçaient inévitablement lors de l’arrivée du père. Pour les crapauds, ce afin de nous décourager de les toucher, les parents nous faisaient croire que des galles pousseraient sur nos mains.

 

Vers les 10 ans, les jeux de société nous intéressaient un peu plus, jouant au Parcheesi, au Serpents et Échelles, au Monopoly, au Scrabble, aux divers jeux de cartes comme les châteaux de cartes, le paquet voleur, la bataille, la patience, le 500 et la « pisseuse »; il en avait d’autres comme le Stratégo, le Risk, le Probe, le Yum et le Clue. Assez facile à jouer, le jeu de dames était populaire, beaucoup plus joué que celui des échecs, plus compliqué à comprendre, étant un jeu stratégique, demandant par le fait même beaucoup de temps avant de connaître le gagnant de la partie.

 

Le jeu de dominos, lequel était pratiqué par certains, a surtout connu sa popularité à la salle des Chevaliers de Colomb, joué dans un premier temps par les membres eux-mêmes pour, par la suite, être adopté par plusieurs non-membres lors de tournois organisés par ce mouvement des Chevaliers de Colomb. De 1977 à 1979, Fidèle Bordeleau, Paul Desaulniers, Lise Bordeleau, Michel Bourassa, Paul-Aimé Lacerte et Jean Lacoursière étaient quelques-uns des joueurs réguliers de ce passe-temps apprécié.

 

Le bingo était un jeu surtout pour les adultes, lequel était très populaire lors des soirées organisées par les divers mouvements de la municipalité. Les plus mémorables de ces bingos ont été ceux sous la tente en 1957, ce au profit de la future église de Yamachiche, l’ancienne ayant brûlé quelques semaines auparavant, soit le 11 juillet; il est à noter que la majorité des bingos étaient annoncés par J.-Armand Pellerin, celui-ci possédant tout le matériel et la capacité de réunir plusieurs prix intéressants pour les gagnants.

 

10 ans était l’âge de la curiosité et des expériences et les plus audacieux et audacieuses, ayant vu le médecin ausculter des membres de la famille, se plaisaient à jouer au « docteur »; je ne sais pas si certains ont épousé cette profession, devenant une résultante directe de ces dites écoutes et dits touchers exécutés en toute innocence! 

 

Le jeu de la « cachette » était populaire et la version de la « kécanne », consistant à frapper sur une canne de métal avant celui ou celle qui avait compté jusqu’à 50 ou 100 lorsqu’on était découvert, comprenait le risque de recevoir la dite canne de métal sur le corps et occasionnait parfois une coupure ou une enflure comme souvenir! Pour la « cachette » habituelle, surtout au début de l’adolescence, certains et certaines étaient plus difficiles que d’autres à trouver! Ils avaient probablement des choses à se dire ou à faire!

 

La tague, appelée en France la tague barrée ou jeu du chat coupé, a souvent été jouée dans notre enfance et une version un peu plus compliquée existait, soit la tague malade, consistant à toucher un de ses amis à un membre du corps et celui touché devais tenir ce dit membre et, à son tour, courir ainsi après ses compagnons.

 

Le cerf-volant artisanal nous amusait pendant plusieurs heures par semaine, jusqu’au moment où l’un se mêlait avec un des autres lors de vols simultanés ou encore, lors de l’arrêt soudain du vent. C’est le pourquoi de deux ou trois participants tout au plus, ce afin d’éviter une telle situation de collision entre lesdits cerfs-volants.

 

Les bons moments des longues parties improvisées de hockey dans la rue, où l’on devait constamment laisser passer les autos et souvent refaire nos mottes de neige durcies, lesquelles étaient écrasées par les pneus des dits véhicules sont inoubliables. Seulement la fatigue et le froid extrême pouvaient mettre un terme à nos confrontations animées, se terminant parfois dans la chicane; les parents devaient parfois s’en mêler et nous ramener à l’ordre.

 

Les mémorables combats, entre gars, de « pétards » (soit une sorte de concombre sauvage vert qui éclatait sur la cible) duraient beaucoup moins longtemps que le temps que ça prenait pour les récolter, car une heure de travail pour quinze minutes d’affrontement n’était pas rare, mais le plaisir était toujours au rendez-vous. La version hivernale était les combats de balles de neige, lesquels pouvaient durer plusieurs minutes, selon le nombre de balles de neige fabriquées par chacun des deux camps. En parlant de pétards, on pouvait s’en procurer en rouleau, lequel pouvait être mis dans un petit « revolver » en métal pour le faire éclater en pesant sur la clenche et ainsi, casser les oreilles des adultes! Un rouleau de pétards pouvait se faire éclater en prenant une roche pour frapper chaque point noir de soufre. La version du pétard à mèche existait également.

 

La construction de souterrains dans les bancs de neige occupait longuement nos journées, ce qui représentait un danger imminent à chaque fois; dans mon cas,  vers l’âge de 8 ans, un de ces dits souterrains s’est effondré sur moi, et heureusement, j’avais la tête à l’extérieur, me permettant de sortir mon corps de cet amas de neige et être sauf. Mes parents ne l’ont jamais su, étant dans la noirceur du début de la soirée, car ça aurait été mon dernier tunnel creusé! On se permettait aussi de construire des forteresses en neige durcie (laquelle neige se trouvait dans les remparts de la rue), soit des « forts »; cette activité qui occupait plusieurs de nos journées demandait parfois la possession d’un traîneau, ce afin de transporter les blocs de neige taillés dans lesdits bancs de neige.

 

À l’adolescence, on s’amusait à aménager une bâtisse ou même quelques petits bâtiments communicants, ce pour le ou les transformer en « chambre noire », soit en un petit musée d’horreur. En ce lieu, on frappait sur des objets de métal, on imitait des fantômes tout en s’y déguisant, on mettait des objets au sol pour faire perdre l’équilibre, on touchait les participants pour les apeurés, on bougeait le décor, soit tout pour énerver et même faire pleurer les plus jeunes, soit les 7 à 10 ans : vraiment sadique de notre part! Ça prenait parfois deux jours à tout préparer pour seulement une heure de plaisir!

 

Le jeu de guerre se jouait avec différentes armes classées en deux catégories, soit les inoffensives comme les fusils en plastique ou en imitation de métal et les fusils à eau, et les plus dangereuses comme les arcs avec flèches en bois, les lances en bois (branches) et même des manches de hockey (causant des blessures); aussi, on se fabriquait des épées, représentant du danger pour les yeux, ce à quoi l’on ne pensait pas à notre âge. Le tire-roches était une autre arme utilisée pour chasser, les oiseaux notamment.

 

Les tours que l’on jouait comme le tic-tac à une poignée de porte ou un châssis de maison, un fil de laine étendu d’un bord à l’autre du chemin et des balles de neige lancées sur les gens ou les remorques de camions, entre autres,  étaient occasionnels mais faisaient partie des temps parfois trop libres de certains!

 

Des passe-temps plus intellectuels existaient et existent encore, surtout les mots croisés, les rébus, les histoires drôles, les devinettes et la lecture de bandes dessinées comme Tintin, Tarzan, le Surhomme, le Fantôme, Mandrake, Spirou, Astérix, Tarzazan, Archie, Snoopy, Eusèbe, Popeye, Blondinette, Betty Boops, Pit fait du sport, Philomène, Henri, parmi tant d’autres, occupaient toujours nos journées, surtout celles de pluie. On se risquait même à lire un roman-feuilleton d’amour, mais on laissait rapidement tomber, étant encore trop jeune pour être captivé par ce genre de littérature, aimant mieux les Bob Morane. Par contre, certaines jeunes filles commençaient à s’intéresser aux romans Arlequin.

 

À l’arrivée de la télévision, les émissions de l’époque pour enfants, comme Bobino, la Boîte à surprise, Fanfreluche, la Ribouldingue, Grugeot et Délicat, Tarzan (en anglais),  les « Petits Bonhommes », Sol et Gobelet, Pépinot et Capucine et Opération Mystère ont toutes été très regardées car il y avait seulement deux postes, soit Radio-Canada (en français) et CBC (en anglais). Les émissions d’aventures comme Robin des Bois, le dernier des Mohicans, Fury, Rintintin et La Vérendrye étaient régulièrement regardées par plusieurs jeunes.

 

Au milieu des années 1950, les Frères du collège Sainte-Anne de Yamachiche donnaient une soirée de films à chaque vendredi soir du mois dans la salle du sous-sol, ce pour les élèves pensionnaires dudit collège et les externes avaient aussi le privilège d’y assister, moyennant un léger prix d’entrée, et vers la fin des années 1950, la salle des Chevaliers de Colomb recevait les jeunes de Yamachiche à chaque samedi après-midi pour de telles représentations de films, cette fois pour tous les jeunes de la municipalité de Yamachiche et même des environs; parmi les films, il y avait Tarzan, Abbott et Costello, Laurel et Hardy, Zorro, Gene Autry, des petits comiques et des films policiers, entre autres. À chaque occasion, c’était une sortie spéciale pour plusieurs et ils en profitaient pour fêter ça avec un sac de croustilles et une liqueur douce, et même parfois, avec une barre de chocolat, du Cracker Jack, du maïs soufflé en boîte et une boîte de gomme : des journées mémorables. J.-Armand Pellerin était l’organisateur de ces après-midis de films.  

 

Cette merveilleuse période s’est terminée lorsque l’on commença à pratiquer des sports individuels ou d’équipes comme le tennis, le baseball et le hockey : l’enfance était terminée.