CHASSE À LA TOURTERELLE TRISTE

 

                                               Texte de Michel Bourassa

 

Une demande de la part des chasseurs d’oiseaux migrateurs, entre autres, a été faite dans les dernières années au Service canadien de la faune d’Environnement et des Changements climatiques du Canada, ce afin de chasser la Tourterelle triste, notamment sur le territoire québécois. La réponse à cette requête pourrait être donnée dès 2016.

 

En octobre 2015, à la Table de concertation de la gestion des oiseaux migrateurs, le Regroupement Québec Oiseaux a plaidé contre ce projet de chasse à la Tourterelle triste et a demandé l’abandon immédiat de ce dit projet. Il y a plusieurs interrogations concernant cette activité de chasse dirigée vers la tourterelle et il est normal de s’y attarder.

 

Dans un premier temps, la Tourterelle triste est une espèce d’oiseau qui fréquente à plus de 80%  les lieux habités, ce pour surtout se nourrir aux mangeoires avec les autres oiseaux de cour; de plus la Tourterelle triste aime se poser sur les fils électriques, devenant très vulnérable. La chasse en milieu urbain est à haut risque pour des bris de fils électriques; il ne faut pas! De plus, il n’est pas certain que la santé de cette population de tourterelles est stable, car dans les dernières années, il semble avoir une légère diminution des effectifs dans certaines régions, du moins par divers recensements collectifs importants, comme eBird.

 

La Tourterelle voyageuse, l’ancêtre de la Tourterelle triste, malgré son imposante population de plus de trois milliards d’individus au États-Unis, a complètement disparu comme espèce, justement dû à une chasse excessive et sauvage, voyant le dernier spécimen mourir dans le zoo de Cincinnati en 1914. La Tourterelle triste, quant à elle, a su s’adapter progressivement à la température hivernale du Québec et a même augmenté assez rapidement ses effectifs au fil des ans, ce depuis les années 1980, mais dans la dernière décennie, la progression est moins évidente et même arrêtée, sinon en régression dans quelques régions.

 

Aussi, vu la vulnérabilité de la Tourterelle triste, étant très peu méfiante, il serait très facile d’exterminer cette espèce aviaire, ce qui n’est absolument pas acceptable pour tout être humain sensé. Des questions se posent comme : Est-ce que des études sérieuses ont été faites et par qui? Combien de Tourterelles tristes tuées par jour comme quota? Où la chasse aurait-elle lieu, considérant la présence de cet oiseau presque uniquement en milieu urbain? Les risques d’accidents mortels et de bris de fils électriques (pouvant même causer des incendies) seraient-ils évalués si la chasse était permise près des habitations? Pour quelles raisons s’en prendre à la Tourterelle triste, laquelle est vulnérable, pendant que l’on peut déjà chasser les « oiseaux noirs », les pigeons, la sauvagine, la « perdrix »? Si les populations diminuent dans les espèces actuellement permises, les chasseurs ont une large part de responsabilités pour cette situation, est-ce que ça devrait être maintenant au tour de la Tourterelle triste à subir le même sort? Et enfin, si les décideurs permettent une telle chasse à la tourterelle, est-ce qu’ils ont les compétences nécessaires pour prendre une telle décision?

 

Après avoir étudié chacune de ces questions, la seule décision possible est l’interdiction de la chasse à la Tourterelle triste, ayant assez d’exemples dans le passé peu glorieux de plusieurs chasseurs, lesquels tuent souvent pour seulement tuer, sans respecter la vie : c’est vraiment triste et il est à espérer que la Tourterelle triste le sera seulement dans son nom et non parce qu’elle aura peur de disparaître comme espèce comme la Tourterelle voyageuse.