VOLTIGEUSES FEUILLES

 

                                                       Texte de Michel Bourassa

 

 Le 18 octobre 2015 voit son après-midi être perturbé par un vent assez véloce, ce malgré un ciel bien éclairé par un réconfortant soleil. Les rayons de cet astre ajoutent un cachet particulier aux innombrables feuilles qui se libèrent de leur point d’attache, soit de leur branche respective. Dans leur chute spectaculaire, chacune d’elles improvise en originalité par d’admirables figures dorant l’environnement immédiat.

 

        Tout en regardant presque dans l’indifférence cette manifestation automnale de la nature, quelques rafales éoliennes se mettent de la partie et occasionnent des effets spéciaux aux feuilles de l’érable négondo, lesquelles feuilles se font bousculer dans l’espace tout en prenant des directions inhabituelles pour les faire ressembler à de jolies papillons aux teintes jaunâtres pour la majorité et aux coloris orangés pour une minorité. Ces papilionacées feuilles empruntent successivement les profils de nombreux Porte-épées, de quelques Piérides jaunes et même, de rares et improbables Soufrés tropicaux.

 

         Un érable argenté, ne voulant pas passer incognito, décide de participer à cette danse et laisse quitter quelques-uns des individus feuillés de ses bras, lesquels individus voltigent et viennent se lier d’amitié avec leurs voisines du Giguère, ce pour valser dans une folle ronde; ces rares et imprévus partenaires deviennent des cavaliers servants du moment et rappellent les vice-rois et les monarques du monde merveilleux des papillons. La chorégraphie végétale s’estompe peu à peu avec le ralentissement des élans du dieu Éole, ce qui permet l’ultime descente de chacune des feuilles vers le sol, en se laissant choir dans un atterrissage tout en douceur vers leur dernier repos.