DERNIER GARDIEN DE PHARE

 

                                                    Texte de Michel Bourassa  

 

  Au lac Saint-Pierre, la voie maritime a toujours été importante pour l’économie régionale (voir texte 408, La voie maritime au lac Saint-Pierre), dont le port de Trois-Rivières, et la circulation des navires demandait, et demande toujours d’ailleurs, une sécurité maximale, ce qui s’est toujours fait mais de différentes façons. Dans les années 1800, la profondeur du couloir fluvial ne dépassait guère plus de 3 mètres à plusieurs endroits, ce qui compliquait la tâche de plusieurs bateaux et navires, exigeant une orientation des plus précises pour ne pas sortir des balises du chenal. L’une des premières mesures de sécurité fut l’installation de bateaux-feu, soit à l’est du lac Saint-Pierre (date inconnue), au milieu de celui-ci en 1816 et à l’ouest de ce dit lac en 1828.

 

       Alors, on assurait la sécurité avec des phares dès l’entrée au lac Saint-Pierre par l’est, soit vis-à-vis Pointe-du-Lac (établissement d’un phare en 1843) et vis-à-vis Nicolet, à Port-Saint-François (aussi en 1843). En 1907, on pouvait voir, à partir du Parc écologique de l’Anse du port de Nicolet, l’un de ces phares. En 1867. une douzaine de bateaux-phares voyaient aussi à la sécurité de la navigation, ce autant dans le fleuve Saint-Laurent (comprenant automatiquement le lac Saint-Pierre) que les Grands Lacs. Ces bateaux-phares pouvaient être déplacés d’un site à un autre, selon les circonstances, soit les niveaux d’eau et les saisons, entre autres. C’étaient des petits navires en bois, munis de cloches et de sifflets pour les périodes de brume, et ils étaient éclairés avec des lampes à l’huile.

 

       Il y a aussi eu un phare à la sortie de la Rivière-du-loup, à Louiseville, et celui-ci était habité dans les années 1960, du printemps à l’automne de chaque année; le gardien de ce phare était un dénommé Walter Vallières, de Louiseville, et il demeurait sur cet îlot avec son épouse Marie (Reine) Hébert. Parfois, ce n’était pas de tout repos, car il lui arrivait de ramasser un noyé à la dérive lors de son travail de gardien. De temps en temps, ce couple revenait en chaloupe jusqu’au rivage et se rendait en ville pour se ravitailler en nourriture et autres articles utiles pour le long séjour estival dans « leur » phare; une légende dit que la conjointe suivait à l’écart sur le trottoir en ces occasions, probablement tannée d’être à l’étroit dans ledit phare! Walter Vallières fut le dernier gardien de phare au lac Saint-Pierre, du moins à Louiseville,  et il décéda en 1995.