LA RHUBARBE DE NOTRE JEUNESSE

 

                                                                  Texte de Michel Bourassa

 

Dans notre jeunesse, plusieurs de nos premières expériences dans le domaine de la nourriture n’ont pas toujours été appréciées et celle de la rhubarbe est sûrement l’une d’elles! En effet, qui ne se souvient pas d’avoir fait la grimace en mordant dans la tige de cette plante herbacée vivace de la famille des Polygonacées pour la trouver surette dès la première bouchée? Malgré cela, nous continuions à manger notre bâton de rhubarbe en faisant toujours des grimaces pour, peu à peu, nous habituer à ce goût acide. Après cette expérience nouvelle dans l’alimentation, notre mère nous donnait un petit plat de sucre ou cassonade afin d’adoucir ledit goût et ainsi nous faire aimer cette nouveauté dans notre bouche.

 

            Habituellement, les plants de rhubarbe, lesquels poussaient serrés, étaient situés dans un coin du terrain, soit de la pelouse ou du jardin, et presque toujours à l’arrière de la maison, et nous, les enfants, étions bien avertis de toucher seulement à ces plants et aucuns autres, car il y avait aussi la « rhubarbe du diable » qui poussait dans les alentours, soit la bardane, une plante à feuilles plus ternes et semblables (les fameux toques qui collent aux vêtements!) pas nécessairement agréable à consommer; aujourd’hui, la rhubarbe se fait de plus en plus rare, même si quelques propriétaires ont conservé cette excellente habitude d’en posséder sur leur terrain, en milieu urbain et surtout en milieu rural. Dans les années 1950, la rhubarbe se mangeait surtout en bâton, en enlevant l’enveloppe, soit nature ou avec du sucre, de la cassonade ou du sirop, entre autres; aussi, on la faisait cuire pour en faire de la compote et parfois, de la confiture. Par la suite, on l’a incorporée dans les gâteaux et est venu le temps où on l’a jumelée à la fraise pour en faire des tartes aux fraises et à la rhubarbe et dès lors, sa popularité a augmenté.

 

             De nos jours, la rhubarbe voit sa tige transformée en vin, en jus frais, en pétillant de rhubarbe et même en bières de micro-brasseries. Avec l’arrivée d’un producteur au Québec de ce légume particulier, en saison, il est maintenant possible de se procurer ce produit maraîcher, en paquet, dans plusieurs épiceries de la province, ce avec la recette de tarte; plus d’excuses pour ne pas la joindre à notre menu, surtout pour les desserts. La rhubarbe apporte à l’organisme des fibres et des minéraux, ainsi que de la vitamine B et C; à noter que les feuilles ne sont pas comestibles, car elles sont toxiques.

 

            Il serait souhaitable que cet aliment des plus surets soit de plus en plus consommer, dû à ses nombreux avantages pour la santé et aussi, pour le faire découvrir à tous les jeunes qui n’ont pas encore fait la grimace en le mangeant : une sorte de petite revanche de notre part!