LA CÔTE

 

                                              Texte de Michel Bourassa

 

Souvent, lorsqu’on parle de la « Côte » de Yamachiche à quelqu’un, on ne sait pas où ça se trouve! Soit que cette personne demeure à l’extérieur de la municipalité ou encore,  qu’elle soit de la dernière génération. La fameuse « Côte » se situe au sud de la rue Sainte-Anne, de l’autre côté de la rivière et vis-à-vis la banque, comprenant le secteur du boulevard Duchesne (anciennement la rue Saint-Jacques), de la rue Saint-Georges (longeant ladite rivière), de la rue Saint-Joseph et de la rue Sainte-Victoire.

 

     Si le surnom de la « Côte » est apparu dans les premières années du 20ème siècle, une des explications est facilement vérifiable puisque ce secteur est un à deux mètres plus haut que la rue Sainte-Anne, selon le terrain occupé et en arrivant par la partie ouest de la rue Saint-Georges. La pente se remarque facilement, devant monter pour arriver sur le pont (après avoir longé le cimetière); aussi, en regardant vers le village, de l’une des propriétés de la rue Saint-Georges, on constate immédiatement les terrains plus bas de la rive nord, soit du village, lesdits terrains devenant inondés lors des crues printanières, ce qui n’a jamais été le cas pour ceux de la « Côte », à part ceux situés en face de la caserne des pompiers, près de la rue Sainte-Victoire, la rivière sortant de son lit lors de grandes crues. Un autre endroit où la hauteur des lots  est encore plus évidente est derrière  l’église, soit  vers l’extrémité ouest de la rue Sainte-Victoire, voyant le cimetière  en légère  plongée.

 

    Certains ont surnommé la « Côte », la « Butte »,  et continuent encore de le faire. En réalité, la « Butte » est le réservoir d’eau du coin du boulevard Duchesne et de la rue Sainte-Victoire, ledit réservoir étant recouvert de terre et entretenu l’été, étant en pelouse. Cette « Butte » a longtemps été le lieu de rencontre des jeunes pour s’amuser, notamment pour y glisser et où plus d’une soixantaine de ces dits jeunes demeuraient.

 

     Dans le milieu du 20ème siècle, la « Côte » a souvent été appelée, et encore quelques fois aujourd’hui, le « Quartier des Anglais », ce par les gens du village, car les résidents de l’autre bord de la rivière, soit de la « Côte », possédaient un langage un peu spécial et fréquemment relâché! Sur la « Côte », au fil des ans, les gens ont exercé divers métiers  comme ramasseur de poches vides, pêcheur commercial, ébéniste, ouvrier en construction, cultivateur, journalier, vendeur de meubles, vendeur de produits ménagers, embaumeur, chasseur de grenouilles, jardinier, éleveur de poulets, éleveur de vaches et laitier, aiguiseur d’outils, travailleur d’usine, agent d’assurances, comptable, commis, vendeur d’autos, réparateur et vendeur de petites machineries, travailleur de la voirie, employé de chemin de fer, employé de la Marconi, goudronneur de toiture, épicier, éleveur de perruches, coiffeur, couturière, chasseur de rats musqués et éboueur, entre autres. En 2015, la quasi-totalité de ces métiers  et de ces commerces n’existent plus dans ce quartier.

 

    Peu de gens se souviennent de la course en vélo de septembre 1976 sur la « Côte », laquelle compétition avait été organisée afin d’amasser des fonds pour l’équipe de hockey de Yamachiche qui jouait dans une ligue sans contacts, ce à l’aréna de Louiseville. Les participants à cette course correspondaient à plusieurs joueurs du club et à quelques-uns de leurs amis; le parcours se déroulait dans les rues Sainte-Anne, Saint-Jacques (maintenant boulevard Duchesne), Sainte-Victoire et de La Fabrique, tout en descendant le pont de la rue Saint-Georges. Ce fut un spectacle original et des plus spectaculaires, avec des chutes et des sorties de rues manquées!

 

     Les jeunes de la « Côte » se mariaient très peu avec ceux du village et une des raisons  devait sûrement être un certain snobisme  de ces derniers; donc, la seule façon de regarder les gens du village un peu de haut était de demeurer dans le « Quartier des Anglais »! En 2015, la situation n’a pas tellement changé, même si le phénomène dit de classe était beaucoup plus marqué avant les années 1960, pas seulement à Yamachiche, mais aussi dans plusieurs autres municipalités du Québec. Malgré tout, les gens de la « Côte » et du village se sont toujours bien entendus entre eux, car grâce aux professions et  métiers différents, les uns avaient besoin des autres. Les loisirs et les sports ont largement contribué à cette dite harmonie, d’autant plus que les organismes sociaux comme les Chevaliers de Colomb. l’Âge d’Or et l’AFÉAS, entre autres, ont presque effacé les différences entre les communautés séparées par la Petite rivière Yamachiche.