UN BEAU TOUR DU CHAPEAU

 

                                                       Article de Michel Bourassa

 

Dans le sport du hockey, un tour du chapeau consiste à compter trois buts, quelque soit la manière et ce, dans la même joute. J’en ai connu un  dans le monde de l’ornithologie avec les oiseaux et sur une période de trois jours consécutifs, représentant un cas particulier dû aux espèces concernées.

 

            Le premier jour où  une sorte inhabituelle d’oiseau se fait déjouer par mes jumelles correspond au 13 octobre après-midi et ce grâce à l’appel de l’un de mes amis, lequel habite au coin des rues Bellemare et Gérin-Lajoie; quelques instants après mon arrivée chez lui, mon immobilité permet de compter sur la présence d’un Gros-bec errant femelle à la mangeoire et dans la seconde même, trois mâles de cette espèce sont retracés, perchés et quelque peu cachés sur les hautes branches de l’épinette tenant ladite mangeoire : le but est atteint avec ces spécimens de plus en plus rares.

 

           Pour le 14 octobre au matin, je tiens à compter de nouveau sur des oiseaux sortant quelque peu de l’ordinaire lorsque je me rends au secteur du marais de la voie ferrée (chemin des Petites-Terres) et je scrute immédiatement les eaux de celui-ci dès la pose des pieds sur les dormants de la voie ferroviaire; après le recensement des Canards colverts, des Canards noirs, des Sarcelles d’hiver, des Bécassines de Wilson et d’une Buse à queue rousse, celle-ci sur sa tour électrique, je suis un peu déçu de ce début d’activité aviaire et je me tourne vers les champs du cultivateur demeurant à  leur proximité : c’est ce moment qui va compter à coup sûr avec deux splendides individus Merlebleus de l’Est directement dans l’objectif de mes jumelles, lesquels merles spéciaux se balancent sur les jeunes tiges des Érables Giguère, me facilitant la tâche pour les déjouer; un autre but atteint dans les espèces moins communes, pour un 2ème en deux jours, ce qui est vraiment bien.

 

          L’après-midi du 15 octobre m’accorde mon tour du chapeau dans la gent ailée lorsque je me trouve sur le bord de la rivière, laquelle passe à l’arrière de ma demeure. Des retentissants cris d’un pic se font entendre, obligeant mon regard à se diriger instantanément vers les cimes des arbres secs, à l’autre versant; dans la seconde, le tintamarre cesse avec l’atterrissage réussi d’un resplendissant Pic à dos noir mâle, au dos lustré et à la marque jaunâtre très voyante à son front. Une chance que je peux compter sur des loupes bien ajustées pour déjouer ce pic car, après avoir tournoyé autour d’un tronc, il déguerpit aussitôt pour ne plus revenir ; mais le principal a été accompli, soit obtenir ma 3ème observation de haute qualité pour une 3ème journée consécutive, ce qui est un exploit peu ordinaire à l’automne, les espèces diminuant de jour en jour.