Rêves magiques d’oiseaux

 

                                             UN LIMICOLE À L’ARÉNA

 

                                               Article de Michel Bourassa

 En cette nuit du 8 janvier2012, l’air hivernal des heures diurnes précédentes a fait son effet sur mon corps en l’assoupissant et l’envoyant rapidement dans le pays des rêves par la fatigue accumulée. Au fil des indéterminés instants suivants, l’inconscient est subitement stimulé par l’arrivée d’une chaloupe à l’avant-scène, dans laquelle je me retrouve avec un bon ami, tous les deux affairés à dénouer des bouts de cordes entremêlées parmi un amas de joncs séchés à l’allure d’herbe à lien : nous semblons vraiment peiner lors de ce travail de moine à longue haleine. Avec ces dits bouts de corde, est-ce que nous avons l’intention de réellement pêcher avec? Je ne le sais absolument pas!

 

       Près du dénouement de ce démêlage, soudainement, un homme arrive à nous, à la rive, tout énervé, en nous annonçant avec une assurance des plus convaincantes, qu’il y a trois Bécasseaux sanderlings sur la patinoire de l’aréna locale, en plus de quelques autres limicoles non identifiés; il semblait nous connaître, en sachant que nous observions les oiseaux, pour venir ainsi directement vers nous. Tout en nous dirigeant vers la patinoire recouverte, et ce sans notre informateur inconnu, nous apercevons au rivage du cours d’eau, un Bécasseau minuscule, un Bécasseau semipalmé et un Pluvier semipalmé, sans jumelles. Devant traverser un large couloir d’un local avant de pénétrer dans l’aréna, nous voyons le recenseur d’oiseaux (selon lui) qui s’amène avec une brassée de dossiers et qui nous croise sans nous reconnaître, semblant nous ignorer volontairement en ne nous saluant pas, probablement trop préoccupé par sa paperasse!

 

      Mon copain et moi, maintenant rendus sur les lieux, dès notre entrée dans l’édifice réfrigéré, nos yeux repèrent rapidement un petit limicole pâle qui cherche désespérément de la nourriture sur la surface glacée de la patinoire tout en se foutant complètement de la resurfaceuse qui passe près de lui : étrange impression d’irréalisme, d’autant plus que c’est dans un songe, que de voir un oiseau de rivage capable de s’introduire en cet endroit fermé, en période hivernale et en plus, démuni totalement en boustifaille; oui, c’est vraiment incroyable! Notre supposé spécialiste n’a jamais été revu, ayant probablement donné ses renseignements sur des ouï-dire.

 

     Quant à nous, si nous devions préalablement pêcher après avoir réussi à dénouer toutes les cordes, il n’en sera pas ainsi, car le réveil va survenir avant; mais, en y pensant bien, il n’en était pas sûrement pas question, puisque l’embouchure de la rivière fourmillait de nombreux et impressionnants moutons, lesquels venaient s’écraser sur les rives, empêchant toute sortie fluviale, car le site ressemblait à l’embouchure de la Rivière du loup, à Louiseville. Très intéressante intrusion dans le monde des songes en cette nuit du 8 janvier 2012.