UN MAGOUA, C’EST QUI?

 

                                              Article de Michel Bourassa

 

 Après avoir cherché  comment traiter ce sujet pendant longtemps, je me suis fié à mon intuition et j’ai laissé tomber l’option historique, puisque les supposés spécialistes ne s’entendent absolument pas sur l’origine de ce mot et des gens qui y sont concernés; alors, je ne ferai pas pire! Donc, je vous transmets les connaissances que j’ai sur le sujet, lesquelles sont réellement différentes, selon les sources.

 

           Très jeune, pour moi, un Magoua était une personne qui venait du Petit Village, soit du secteur nord-ouest de Yamachiche, tout près du pont Masson, avant de traverser à Saint-Léon-le-Grand. J’entendais régulièrement dire que c’était des gens mal élevés et parlant un langage difficile à comprendre et que leurs enfants lançaient des cailloux à ceux qui passaient en voiture tirée par un cheval! Une légende ou la vérité? Souvent, ces affirmations venaient des gens du village de Yamachiche, dont certains avaient un lien de parenté avec les Magouas! Vraiment invraisemblable comme situation.

 

         Pour les habitants des autres paroisses, un Magoua était un sobriquet pour nommer une personne de Yamachiche, sans préciser l’endroit, soit un rang ou un secteur de  notre localité, comme tout autre sobriquet tel que Casse pour un individu de Saint-Sévère et Sauterelle pour un membre de la localité de Saint-Étienne-des-Grès : les Magouas de Yamachiche, c’était toute la population de Yamachiche et encore aujourd’hui, ça n’a pas changé pour les populations environnantes, et avec raison d’ailleurs.

 

       Mais qu’en pensent les principaux concernés, soit ceux et celles demeurant dans le rang chemin Rivière-du-Loup? Ayant hontes de se faire appeler Magouas par tout le monde, dans les années 1950 et avant, en 2013, les gens de ce secteur de la municipalité sont très fiers de cette appellation et avec raison, car cette communauté de braves gens a su conserver certaines valeurs du passé, comme l’entraide, la générosité et la capacité de s’émouvoir lors de certains événements de la vie courante, des qualités souvent oubliées de nos jours, face à l’abondance relative qui nous côtoie. Comme dans les années d’antan, il en reste encore quelques-uns un peu rustre et au langage abusif, mais c’est une minorité et ce n’est pas pire qu’ailleurs, même mieux que dans certains milieux, sans en citer un particulièrement.

 

    Le mot Magoua, viendrait de l’Algonquin, Makwa, et signifie ours; les Magouas de la Petite Mission seraient les descendants des Algonquins de Trois-Rivières, selon certains d’entre eux. En 2009, un rassemblement des Métis a eu lieu à la Petite Mission, au « pays des Makouas », sous le nom de Grand dérangement de Yamachiche, faisant référence au Grand dérangement des Acadiens de 1755. Dans les dernières décennies, quelques tentatives ont été faites afin que la population du secteur chemin Rivière-du-Loup ait le statut d’autochtone, ce afin de bénéficier notamment d’avantages fiscaux, mais en vain.

 

    Un Magoua, dans le téléroman L’Héritage, de Victor-Lévy Beaulieu, était un mystérieux personnage habitant les bois avoisinants de la région de Trois-Pistoles, lequel personnage attaquait tout citoyen des alentours s’aventurant sur son territoire et le démembrait, pour le laisser mourir sur place! Vraiment macabre comme légende. Victor-Lévy Beaulieu avait beaucoup d’imagination et voici d’autres exemples ci-dessous.

 

    Dans le même téléroman, une légende veut que dans les premières décennies de 1900, des Magouas, soit des fantômes protestants, se promenaient dans le petit cimetière protestant de Louiseville (aurait-il eu deux cimetières? Selon lui, oui) et ces fameux fantômes faisaient peur aux gens qui osaient approcher dudit cimetière! Où Victor-Lévy a-t-il déniché cette histoire, dans sa tête ou dans des archives?

 

    Dans le téléroman Montréal P.Q. des années 1990, un curé d’une paroisse de Montréal, rôle joué par Jean-Louis Milette, voyageait fréquemment à Batiscan, où il avait de la parenté et il disait qu’il s’en allait voir les Magouas de Batiscan! Comme quoi, il n’y avait pas seulement des Magouas à Yamachiche, mais ailleurs, toujours selon V.L. Beaulieu. Le curé amenait son jeune vicaire se baigner dans la rivière Chacoura, tout près de Louiseville, lorsque celui-ci avait de mauvaises pensées, lesquelles disparaissaient (selon le curé) avec les eaux froides dudit cours d’eau!

 

Tout ça pour dire que les Magouas du rang chemin Rivière-du-Loup, à Yamachiche, se considèrent aujourd’hui comme des citoyens à part entière de notre municipalité, avec en plus, la conviction d’être de vrais et même, les seuls dignes de porter le nom de Magoua.