VIE DE COUPLE CHEZ LES OISEAUX

 

                                                      Texte de Michel Bourassa

 

          Contrairement aux humains où c’est la beauté de la femme qui séduit l’homme, dans le monde des oiseaux, c’est le mâle qui possède tous les attributs nécessaires afin de conquérir la femelle tant convoitée, et ce dans la majorité des espèces. Le plumage de la plupart des mâles est des plus voyants, avec des artifices souvent extravagants, comme des aigrettes et des protubérances excentriques, lesquelles réussissent leur travail à merveille auprès de la gent féminine du monde ailé; la Grue du Canada, le Dindon sauvage, le Combattant varié et le Balbuzard pêcheur en sont des exemples parfaits. Des danses synchronisées au quart de tour avec la partenaire, des ballets aériens des plus sophistiqués pour lier tout couple, d’agressives chasses envers tout compétiteur sur un territoire acquis et de passionnées poursuites amoureuses sur toute surface calme d’un cours d’eau, parfois en pleine harmonie, correspondent à quelques-unes des manifestations dans l’univers des volatiles lors de la période de reproduction.

 

         En plus des danses, des ballets et des poursuites amoureuses, il incombe quelques autres responsabilités aux mâles de toutes les espèces aviaires, dont celle de construire, seul ou avec la conjointe, un nid devant être sécuritaire, autant pour protéger contre les intempéries que des prédateurs et la touche finale du mâle doit être approuvée par la femelle, sinon, le couple ne se forme pas; dans cette touche, la décoration de l’aire par le mâle est primordiale. Aussi, le mâle doit étroitement collaborer à couver (pour certaines espèces) les œufs et à nourrir les oisillons, deux tâches absolument essentielles pour mener à terme la réussite de l’élevage d’une progéniture en pleine santé.

 

         À chaque fin d’hiver, lors des premiers jours ensoleillés menant au printemps, le Cardinal rouge mâle, maintenant un résident du Québec, voit son système hormonal se réveiller, l’obligeant à chanter et ce, de plus en plus, jusqu’au temps propice pour la nidification, période où la femelle répond à ses avances; dès lors, le mâle s’engage à éloigner tout concurrent potentiel de son environnement immédiat, quitte à attaquer les miroirs de toute auto et les vitres de toute fenêtre à la vue de sa propre image reflétée, croyant être en présence d’un présumé prétendant; une telle situation se produit aussi lorsque le Merle d’Amérique arrive un peu plus tard, démontrant une agressivité similaire envers le reflet de son corps projeté par toute vitrine, manège de protection pouvant durer plusieurs jours.  

 

         Les comportements amoureux chez les oiseaux sont presque aussi différents qu’il y a d’espèces, ce qui n’est pas peu dire! En effet, on exagère à peine en affirmant une telle chose, car la séduction demande beaucoup d’énergie et surtout d’imagination à tout mâle digne de ce nom s’il veut absolument obtenir une descendance pour son espèce et ce, avec une compagne qui saura le choisir comme l’élu de son cœur, puisque c’est toujours cette dernière qui donne son accord pour l’union. Mais ce n’est pas parce qu’un couple est formé et que la femelle a accepté les faveurs du mâle, pour ensuite couver les œufs devant continuer la suite de l’espèce, que la fidélité dans celui-ci est assurée pour autant, oh non!

 

        Prenons l’exemple du mâle de l’Hirondelle bicolore, lequel ose, après s’être assuré de la réussite du premier accouplement avec sa partenaire par l’arrivée des oisillons, fréquenter une seconde femelle bicolore et, à son tour, la féconder pour avoir une deuxième portée de jeunes à son actif : signe d’insécurité pour l’avenir de son espèce ou, tout simplement, pour montrer son pouvoir de séduction? Le Canard colvert mâle est lui aussi un oiseau qui possède une très forte libido et il ne se gêne pas, dès son arrivée sur un site de reproduction, pour séduire toutes les femelles qui se trouvent à portée de plumes, s’accouplant souvent sans le consentement, soit par le viol; il faut le faire!, ou plutôt, à ne jamais faire! Par contre, le Canard branchu, dû à un surnombre de mâles par rapport aux femelles, doit absolument utiliser la délicatesse afin d’attirer l’attention de l’une d’elles et ce, dans le but de former un couple durable qui fondera une famille dans le chicot d’un arbre ou dans un nichoir.

 

        Un sujet qui intrigue plusieurs personnes et ce, avec raison, est le sexe des oiseaux mâles; est-ce que ceux-ci ont un pénis? La majorité des oiseaux mâles n’ont pas cet organe de virilité, ayant plutôt une ouverture comme la femelle que l’on appelle cloaque, duquel des spermatozoïdes s’échappent lors de chaque contact avec le cloaque de ladite partenaire. Par contre, chez les canards, le mâle possède un pénis, comme chez l’homme, et l’Érismature rousse a une particularité dans son espèce, soit de voir son membre reproducteur s’allonger lorsqu’un niveau de compétition très élevé entre eux s’effectue, ce afin de s’accoupler; quant aux mâles dont les couples sont stables ou célibataires, la longueur du pénis est moindre, et parfois même, atrophié. Chez les Petits Fuligules, les mâles en compétition voient leur pénis augmenter jusqu’à 25%, en comparaison avec ceux qui ne le sont pas.

 

        La vie de couple chez les oiseaux est aussi variée qu’il y a d’espèces, ce qui pousse la curiosité à son maximum quant à vouloir en connaître le plus possible sur cette question; les meilleures façons de le faire est de lire sur le sujet et l’observation des oiseaux,  ce le plus souvent, donnant comme résultat d’en découvrir de plus en plus à chaque fois, ce qui est des plus captivants, croyez-moi!