ARBRES EN LUMIÈRE

 

                                                     Texte de Michel Bourassa

 

            Le soleil a comme principaux mandats l’éclairage et le réchauffement de la Terre, mais il a aussi la capacité d’émerveiller les gens qui habitent cette dite Terre par les effets spéciaux de ses rayons selon les périodes du jour et des saisons, entre autres. Ces manifestations naturelles, sous l’action directe de l’astre diurne, sont particulièrement efficaces et souvent spectaculaires lors de la saison hivernale et des exemples concrets vont le démontrer en la journée du 11 décembre 2012, laquelle se déroulera majoritairement sans nuages; cette clarté laissera passer tous les rayons dudit astre, lequel offrira des images magiques dans le paysage immédiat de mon environnement.

 

          Le tableau initial à se présenter à mes yeux se trouve aux érables adultes de ma rue, ces derniers accueillant les jets de la lumière du ciel, lesquels rencontrent tous les membres ligneux de chacun de ces arbres; tout en captant la chaleur devenue de plus en plus perceptible, les branches à proximité de leur cime respective reçoivent des dizaines d’éclairs scintillants sur les extrémités givrées de leurs rameaux : d’une beauté à couper le souffle! Ces feuillus géants en temps de dormance impressionnent en ce jour ensoleillé.

 

         Mon parcours se poursuit comme observateur d’oiseaux, toujours à la recherche du Bec-croisé bifascié, du Durbec des sapins et du Jaseur boréal, entre autres, tout en admirant la magie qui opère aux faîtes des différentes essences d’arbres, une résultante du travail initié par le grésil et par la pluie verglaçante de la veille. La quinzième heure de la journée oriente le globe solaire sur un certain érable mature pour le rendre majestueux dans sa dignité d’être boisé en lui permettant de projeter ses aveuglants rayons vers la tête de son hirsute chevelure composée de fines tiges montantes et fuyantes sur les côtés; le halo de cette puissante lumière coiffe cet érable d’une couleur argentée, le rendant vénérable et splendide dans la fraîcheur de cette partie de journée.

 

         Un peu plus loin, quelques bouleaux alignés près de la rue, n’échappant pas eux aussi aux récentes intempéries, voient les bouts de leurs branches se terminant en brindilles envahis par une multitude de minuscules gouttes d’eau givrées lesquelles, dans leur petitesse, illuminent de façon féerique le sommet de chacun de ces troncs de bois tendre. Un fil de ligne électrique, voulant absolument participer à la fête des couleurs organisée par les rayons du soleil, s’est paré de gouttelettes glacées, lesquelles sont éparses sous sa surface et lesquelles brillent de rouge, de bleu ou d’orangé, selon le bon plaisir du disque jaunâtre dans sa lente descente vers le coucher.

 

        À peine à trois longueurs de corps humain de ce fil, un amas en désordre de branchage occupe la pelouse du terrain enneigé et celui-ci ne veut absolument pas demeurer en reste avec ses cheveux de brindilles complètement gelés, lesquels sont bombardés, à leur tour, par les lueurs éclatantes provenant du firmament; des farfadets, des fées et des lutins semblent danser au-dessus et autour de cette projection d’ondes astrales et ajoute à la qualité du moment. Arrivé aux mélèzes dénudés, les extrémités de leurs fines branches annelées sont, quant à elles,  accompagnées de ces petits diamants lumineux, lesquels changent de teintes au moindre mouvement de mes mains guidant les jumelles : un autre moment de grande satisfaction en regardant valser le jaune, l’argent et le rose sur ces ramilles courbées du sommet.

 

         Ma randonnée achève, mais d’autres érables, ainsi que trois saules, m’interpellent en étant habillés de glacées perles d’argent et ce, jusqu’au bout de leurs doigts d’individus du monde végétal; encore une fois, mon cœur a de légers frissons et mes pupilles se régalent de ces multiples couleurs accrochées aux ramures, occasionnées essentiellement par deux éléments naturels, soit l’eau gelée et la clarté de Rê, le dieu solaire des Égyptiens, ce dernier aidé de ses rayons.

 

          En somme, ce fut une merveilleuse journée d’ornithologie, avec 20 espèces d’oiseaux recensées, en plus d’assister à une féerie de couleurs aux arbres qui survient  que trop peu souvent, malheureusement : mais quand ça passe, on le prend.