QUILLES AU SOUS-SOL DE L’ÉGLISE texte de Michel Bourassa |
Références : Yamachiche et son histoire (1672-1982)
Le sport des quilles a débuté à Yamachiche en 1936, dans la salle
de quilles de Armand Milot (à côté de l’actuelle pharmacie locale), mais
cette salle fut détruite par le feu lors de la conflagration du 31 mars
1939. Deux ans plus tard, soit en 1941, Félicien Bellemare prit la
relève en aménageant des
allées en prolongement de son restaurant (devenu plus tard le
« Restaurant Chez Phil ») et ce, jusqu’en 1944, moment de la fin de
cette activité récréative, causée par le désintéressement des sportifs
de Yamachiche. Par la suite, ce sport s’est déplacé vers le Collège
Sainte-Anne de Yamachiche, et ce dans la salle de réception où deux
allées furent installées par le personnel enseignant afin de créer un
nouveau loisir pour les pensionnaires; l’inauguration a eu lieu le 24
septembre 1948 et d’habiles quilleurs ont évolué sur les planches
vernies de cet endroit.
Mais, c’est au sous-sol de l’église que les quilles ont connu des
moments de gloire et ce, pendant au moins une décennie, sinon plus. En
effet, en 1961, le dynamisme du vicaire Lionel Dubois, aumônier de
l’O.T.J., a permis de construire trois allées avec planteurs à la main,
soit des jeunes gens, audit sous-sol (Le Centre Récréatif d’Yamachiche);
les deux principales sources de financement de ces équipements furent la
vente du terrain de baseball à Duchesne & Fils Ltée et un don
substantiel des Chevaliers de Colomb de Yamachiche. L’ouverture
officielle s’effectua le 10 septembre 1961, événement annoncé dans le
« Lien Paroissial » depuis déjà plusieurs mois. Cette publicité de
longue date amena un achalandage immédiat sur les allées par les
sportifs ravis et dans le sous-sol même, par de nombreux curieux, dans
lesquels il y avait, sans le savoir, de futurs joueurs
et joueuses de quilles, tant pour les ligues que pour le simple
divertissement de fin de semaine. Lors des premières fins de semaine,
plusieurs joueurs ne savaient pas marquer les points et ceux qui
regardaient l’émission « L’Heure des quilles » (comme moi) à la
télévision de Radio-Canada (avec les vedettes comme Maurice Boyer,
François Lavigne et les frères Guy et Gaby Bolduc, entre autres), le
dimanche après-midi, passèrent beaucoup de temps à inscrire les
pointages, souvent sur deux allées à la fois, en se plaçant entre la
colonne entre les allées; vraiment spécial! Dans les débuts, un joueur
qui atteignait 200 pour une partie se voyait remettre un livre de la
série La clinique du cœur, dont l’auteur était le Père Marcel-Marie
Desmarais, dominicain; le prix d’une partie de quilles correspondait à
$0.25. Un peu plus tard, la quille rouge est arrivé, soit la quille 1,
et celui qui a fait le premier abat avec celle-ci (Irénée Pellerin)
mérita une partie gratuite.
De 1961 à 1964, les parties de ligues avaient lieu les 2 ou 3
premiers soirs de la semaine et la première partie de plus de 200 en
ligue fut jouée par Alfred Parent; mais à partir de 1964 (dans cette
période, les planteurs automatiques firent leur apparition), ce fut tous
les jours de la semaine, soit du lundi au vendredi ; après quelques
années, une troisième allée fit son apparition le long de l’autre mur de
la salle, soit du côté du cimetière, laquelle servait pour les joueurs
ne jouant pas dans les ligues et aussi, pour la pratique. Lorsque les
joueurs de la paroisse, surtout ceux provenant du rang chemin
Rivière-du-Loup (lesquels jouaient déjà, pour la plupart, à
Louiseville), se formèrent des équipes, le calibre de jeu augmenta
rapidement. Aussi, dans le même temps, les dames ont rejoint les hommes
dans les équipes mixtes, amenant une nouvelle clientèle pour ce sport;
quelques tournois ont aussi été organisés, mettant du piquant dans
plusieurs fins de saison.
Dans les années 1970, les quilles ont été moins populaires et
l’on a dû se résigner à fermer les portes, rendant les allées inutiles.
Comme les organismes bénévoles avaient besoin de locaux, les allées ont
été enlevées pour leur laisser la place, et aujourd’hui, personne ne
pourrait croire qu’il y a déjà eu des allées de quilles au sous-sol de
l’église, ce avec les murs fermés des dits locaux. Autre époque, autres
mœurs, comme l’on dit souvent, mais c’est quand même dommage que ce
sport intérieur soit disparu à jamais (ce que je pense) du Centre
Récréatif d’Yamachiche.
|