LES AMOUREUX DE MAI
Article de Michel Bourassa
L’ornithologie est un monde fascinant dans lequel une heureuse
surprise peut survenir à tout moment et lorsqu’une deuxième
se produit dans les minutes suivantes, ça devient une journée
mémorable, surtout lorsque ce sont des situations similaires et
originales.
En ce premier jour de mai, je suis à la fenêtre dans ce
début d’après-midi et un Moucherolle phébi
voltige à l’orée du sous-bois, à la recherche de sa
nourriture quotidienne : il arpente tout mon terrain et revient se poser
sur une des branches médianes du frêne adulte. C’est dans la
normalité, mais dans la seconde suivante, l’autre membre du couple
se présente et vient tout calmement se poser à proximité
du premier et ce, parallèlement avec un léger décalage sur
le même perchoir dans une harmonie qui se veut un délice pour les
yeux. Cette espèce d’oiseau est habituellement toujours en
mouvement et c’est d’autant plus surprenant de voir cette
scène reposante dans ce temps d’arrêt pour ces amoureux
aviaires qui dure près de deux minutes, une éternité pour
eux.
Je suis émerveillé par ces images inusitées qui me
sont offertes et je n’en demande pas plus, étant des plus
comblés, mais ça ne s’arrêtera pas là! En
effet, encore à mon poste d’observation privilégié,
soit dans la maison et à la vitrine permettant de scruter la majeure
partie de ma cour arrière, je vois arriver trois spécimens
ailés dans le ciel surplombant la « petite
rivière », dont deux décident de faire une
légère sieste sur les membres du peuplier géant, lequel
est établi en bordure de la côte du cours d’eau;
j’accompagne le vol de l’oiseau qui passe dans les hauteurs et ce, à
l’arrière des arbres du boisé sans, pour autant,
l’identifier. Alors, je reviens à mes deux « moineaux » qui
sont loin d’en être car, à mon grand étonnement, je
me rends compte que ce sont deux Canards branchus, soit un couple, avec madame
dans son plumage discret sur le bras supérieur et horizontal et avec
monsieur dans son habit d’apparat et sa coiffure spectaculaire, juste en
dessous sur le bras inférieur et parallèle : leur tenue
altière et synchronisée à leur perchoir respectif est
époustouflante à regarder, remerciant le ciel de ces moments de
grâce en compagnie de ces êtres barboteurs.
Cette journée avec la gent ailée va sûrement
correspondre à l’une des plus mémorables, car la
beauté de ces deux couples aviaires pendant la période des
amours se distingue d’autant
plus de tous les autres moments par l’originalité de ces poses des
plus appréciées de ma part.