INCROYABLE TROUVAILLE DES TROPIQUES

 

Article de Michel Bourassa

 

        Déjà rendu à l’heure de souper en ce 29 avril 2011, je viens de compléter une journée des plus normales en ce qui concerne l’observation des oiseaux, du moins c’est ce que je pense à ce moment, car dans les instants suivants, un appel téléphonique d’un ami va totalement sortir cet énoncé de ma tête.

 

        En effet, demeurant sur la rue Saint-Louis, presque au centre du village, ce résident m’apprend avec fierté, tout en doutant à peine de sa découverte, qu’il vient de voir un oiseau exceptionnel sur les branches d’un jeune érable de sa cour s’appelant Sucrier à ventre jaune : son hésitation provient du fait que ce spécimen ailé est originaire des Bahamas et que son aire fréquenté le plus éloigné, étant inusité, est le sud de la Floride, mais il n’a pas à craindre de son identification avec les détails fournis. Ces marques distinctes et indiscutables sont le petit bec noir courbé et effilé, le fameux point rouge à ce dit bec, le large sourcil blanc à la tête, sa petite dimension (11 centimètres), le haut du ventre jaune, le blanc au bout des primaires (ailes), le dos noirâtre et le croupion jaune; cette description des plus complètes authentifie ce Sucrier à ventre jaune, lequel s’est présenté à deux reprises dans sa cour, premièrement en avant-midi vers 8h00, se permettant une visite à l’intérieur de ses cèdres pour, ensuite, aller se promener autour des deux mangeoires, le tout durant dix minutes,  et deuxièmement, vers 18h00, se limitant à marcher sur les branches de l’érable, ce pendant sept bonnes minutes, pour se nourrir aux bourgeons en croissance.

 

        Ce sucrier a certainement été amené à Yamachiche par les ouragans du Sud américain, lesquels ont notamment balayé l’Alabama et le Mississipi, causant plus de 300 morts; ces forts vents, provenant de beaucoup plus loin au sud, ont tout ramassé sur leur passage, le Sucrier à ventre jaune inclus; cet oiseau a été très chanceux de s’en tirer vivant car, très souvent, plusieurs oiseaux meurent en de telles circonstances. Maintenant, il faut souhaiter que le rescapé va être capable de retrouver sa route, face à la distance énorme à parcourir pour son retour au domicile, mais il a une lueur d’espoir, étant, actuellement, seulement au début des journées chaudes.

 

        Personnellement, même si je me suis précipité rapidement sur les lieux de la présence de cet unique et exceptionnel membre de la communauté aviaire, il avait déjà quitté lors de mon arrivée, mais je suis extrêmement ravi qu’il ait choisi, bien malgré lui avec sa mésaventure, l’environnement du domicile de mon ami de la rue Saint-Louis,  donnant l’occasion à ce dernier de le recenser et ainsi, par ricochet avec son appel, à faire moi-même un tel geste.