SPORTS NAUTIQUES SUR LE LAC
Article de Michel Bourassa
La grande superficie du lac Saint-Pierre, avec le fleuve Saint-Laurent
qui la traverse en son centre, permet une panoplie d’activités aux
adeptes des sports nautiques, autant en eaux tumultueuses que calmes.
L’activité la plus pratiquée, ce depuis au moins les
années 1950, est assurément les promenades en moteur hors-bord,
soit en chaloupe ou soit en petit yacht, étant à la portée
de la majorité des gens au niveau du budget. Pour les plus aventureux,
généralement les jeunes adolescents et hommes, parfois une jeune
femme, les déplacements s’effectuaient au-dessus de l’eau,
à l’arrière des mêmes embarcations, et sur des skis
nautiques, s’il vous plaît! Avec des lois presque inexistantes pour
les plans d’eau du Québec, la sécurité correspondait
au strict minimum, souvent sans veste et ceinture de sauvetage pour les
usagers.
Dans les
années 1970 à 1980, les petits yachts sont devenus des petits
bateaux, ayant plus de puissance avec des moteurs plus gros, permettant
d’emprunter la voie maritime du fleuve Saint-Laurent, au large; avec de
telles embarcations, des compétitions de ski nautique Montréal-Québec,
en longeant le chenal des navires marchands, s’organisèrent et
durèrent quelques années : ça prenait toute une
endurance et beaucoup d’habileté pour tenir sur les skis, ce sur
une aussi longue distance. Cette idée originale sur l’eau fut
imitée par d’autres disciplines et tour à tour, à
partir surtout des années 1980, des courses de yachts à moteur
hors-bord, de yachts à moteur turbo, de voiliers conventionnels, de
catamarans et de gros yachts à moteur propulsé, entre autres,
avaient comme origine respective, Montréal, et se terminaient souvent
à Québec, ayant Trois-Rivières comme autre point
d’arrivée.
Les
compétitions, étant organisées à l’avance, il
fallait prendre la température du jour, habituellement un samedi, et de
sérieuses mésaventures se produisaient à l’occasion,
comme celle de la dernière course de catamaran à avoir lieu, ce
lors d’un début de journée assez calme, mais devenue
venteuse en après-midi et rendant le trajet de plus en plus dangereux au
lac Saint-Pierre, au fur et à mesure que les heures passaient; en effet,
les vagues étaient, à la fois, de plus en plus
élevées et puissantes en ce lieu, dû à la largeur de
ce lac. Le résultat fut que trois ou quatre des derniers catamarans de
la course ont été surpris par la noirceur et ont perdu leur
route, pour aller échouer dans le fond des baies, à Louiseville
et à Yamachiche; les participants ont dû
marcher dans les joncs et les scirpes denses, en plus de s’enfoncer dans
la vase, tout en ne sachant nullement où ils étaient, avec leur
embarcation respective des plus encombrantes à traîner avec eux.
Toute une frousse pour ces participants, dont l’un d’eux est venu
se faire conduire par moi, en
chaloupe, jusqu’à son embarcation de compétition, laquelle
était ancrée à la sortie de la Petite rivière Yamachiche.
Parfois, dans
ces années, le lac devenait comme un miroir, tellement l’eau
était calme, et si ça correspondait à un samedi ou un
dimanche, il avait fort à parier que des pétarades successives de
vroum vroum se feraient entendre tôt ou tard,
et lorsque ça survenait, la provenance était des rives où
un excellent compétiteur de régates, originaire de Yamachiche (Maurice T. Bellemare), préparait sa
« tapette », soit son embarcation plate propulsée
par un moteur turbo super-puissant; dès que
cet as de la régate (dont celle de Valleyfield qui passa très
près de lui causer la mort, car l’habitacle était en
miettes, lors d’un accident spectaculaire après avoir raté
un virage et avoir frappé une bouée, sortant vivant de
l’eau avec plusieurs os cassés dans son corps) voyait que son
moteur était prêt et surtout que l’eau était des plus
calmes, le départ était instantané et ce, dans un vacarme
qui retentissait jusqu’au large, soit près de la voie maritime,
endroit où je travaillais aux lignes dormantes pour l’esturgeon
jaune; les premières fois, ça faisait réellement peur!
Aujourd’hui, d’autres moyens de transports aquatiques
récréatifs sont régulièrement utilisés sur
le lac Saint-Pierre et la balade (grand plancher flottant avec rampes et se
déplaçant lentement avec un moteur), la moto marine, le rabaska
(grand canot de randonnée), le canot conventionnel, le pédalo, le
kayak, la planche à voile et la planche aérotractée
en sont tous des exemples, ce qui donne amplement de choix, même au plus
difficile, d’autant plus que l’on peut ajouter la motoneige, le
véhicule-tout-terrain et le ski de fond, en hiver, sur les glaces dudit
lac : quoi demander de plus? Absolument rien.