Rêves magiques d’oiseaux 32
LE CANARD À TÊTE BLEUE
Article de Michel Bourassa
Présentement
dans une période de rêve des plus actives, un autre songe me
comble dans les premières heures d’obscurité du 16 novembre
2009, ajoutant une perle aviaire à la liste paradisiaque des oiseaux du
sommeil de mes nuits.
Pourtant,
dans les premiers instants de ce rêve, rien et absolument rien de
spécial se déroule près du cours d’eau anonyme
où quelques observateurs amateurs se retrouvent et ce, en ma compagnie;
seulement un petit groupe de limicoles non identifiés et une quinzaine
de canards, la majorité des Canards colverts, animent quelque peu les
lieux, sans plus. Alors, la décision est facile à prendre, soit
celle de quitter immédiatement.
Après ces derniers moments sans histoire, je suis sur la route de
retour vers le domicile et en ce jour d’automne, le véhicule qui
me conduit s’engage sur la rue principale d’un quelconque village
où, dès les premiers mètres, des érables adultes
aux branches dénudées apparaissent à mes yeux. Rendu
à proximité de ces géants ligneux, je remarque dans
l’un d’eux, à son sommet, une forme assez volumineuse
d’un volatile, d’où la nécessité
d’immobiliser l’auto afin de mettre un nom sur ledit
spécimen : aussitôt dit, aussitôt fait.
Stationné au côté opposé du chemin et
à l’arrière du véhicule, vis-à-vis
l’individu de plumes, mes jumelles offrent une originalité
ailée tout aussi surprenante que belle, tellement c’est inattendu;
en effet, cet oiseau est un canard, majoritairement bleu, lequel est calmement
posé à la cime d’un des arbres, sur un des rameaux, tel un
spécimen d’appelant de bois pour la chasse, et ce canard semble
admirer son environnement dans une désinvolture sans pareil. Cet oiseau
aquatique à la tête bleue est maquillé d’un large sourcil
blanc au-dessus de l’œil avec une tache jaune à la
« Sturnelle des prés »;
sa nuque, son dos et ses ailes correspondent à un bleu foncé,
pour aussi le voir arborer un remarquable cou blanc avec une grande tache jaune
près du flanc, laquelle s’arrête avant l’aile. Le
côté de l’oiseau montre un bleu tacheté
éclatant, s’harmonisant parfaitement à cette espèce
inconnue de canard, d’où l’obligation de me hâter pour
l’identifier avec l’aide de mon guide des oiseaux dans l’auto,
ce qui ne sera malheureusement pas fait, dû à mon
prématuré réveil.
Dans les
premières secondes de cette réalité, je sais que cette
sorte d’individu n’existe pas et je m’empresse de le baptiser
moi-même pour qu’il continue de vivre dans le monde onirique et
ainsi, éviter les affres de l’oubli dans les limbes aviaires; il s’appellera
Canard à tête bleue et existera dorénavant par la
rédaction de ce baptistère des rêves.