PRÉDATION AU LAC SAINT-PIERRE
Article de Michel Bourassa
Chaque cours d’eau possède ses espèces
prédatrices et le lac Saint-Pierre ne fait pas exception à la
règle, car ce dernier est habité par plusieurs, lesquelles sont
réparties dans les eaux de sa très grande superficie, soit plus
de 480 kilomètres carrés.
Les premières espèces auxquelles on pense se trouvent dans
les poissons et le brochet vient en tête de liste par son appétit
vorace, suivi de pas très loin par le doré; ces deux sortes de
prédateurs consomment beaucoup de jeunes individus dans les alevins de
perchaude, de chatte de l’est, de petit barré, de crapet-soleil, tout en n’oubliant pas les membres de
leur propre espèce. La majorité des poissons sont carnivores,
mais certaines espèces font plus de ravages que d’autres et les
voici : la carpe allemande et le poisson-castor (amie), lesquels poissons
arrivent sur les lieux de reproduction de la perchaude et du crapet-soleil, afin de se nourrir des chapelets
d’œufs accrochés à la végétation des
bas-fonds et causant une diminution immédiate dans les populations des
futures générations.
La moule zébrée et le gobie à tache noire sont
d’autres espèces du milieu aquatique se permettant de perturber
l’équilibre des espèces, mais l’importance des
dommages causés jusqu’à aujourd’hui ne sont pas
encore parfaitement connus, car la moule zébrée est entrée
dans l’alimentation de plusieurs canards plongeurs et le gobie à
tache noire commence seulement depuis quelques années à occuper
le lac Saint-Pierre, même si ce petit poisson est très dommageable
lorsqu’il envahi un territoire.
Les oiseaux ont eux aussi leurs prédateurs et les sternes, les
goélands, les mouettes, ainsi que les canards plongeurs occupent les
premières places comme spécialistes de la pêche des poissons
du lac; les hérons, les butors, les aigrettes et les bihoreaux
prélèvent aussi cette nourriture, mais si peu, ajoutant les
écrevisses et les grenouilles, entre autres, à leur menu. Par
contre, tous les spécimens ci-haut ne réussiront jamais à
rivaliser avec le Cormoran à aigrettes, le plus redoutable
oiseau-pêcheur fréquentant le lac Saint-Pierre, parce que celui-ci
parvient annuellement (selon des études scientifiques) à manger
70 tonnes de petites perchaudes, une catastrophe pour cette espèce
très recherchée pour sa saveur par les pêcheurs sportifs et
pour la rentabilité qu’elle représente pour les
pêcheurs commerciaux.
Il y a aussi la prédation terrestre effectuée par les
petits animaux comme le renard, le coyote, le vison, la belette,
l’hermine et la martre, lesquels capturent des proies à leur
mesure, soit la gélinotte, le lièvre, le rat musqué, le
rat surmulot et autres. Les rapaces occupent une grande place dans ce monde de
la prédation et ils répondent aux hiboux, aux chouettes, aux
crécerelles et aux faucons, aux buses, aux éperviers et aux
autours, ce qui anime énormément un site aussi riche en
nourriture vivante que le lac Saint-Pierre lorsque la faune prédatrice
œuvre devant nous en chassant la faune servant de proie, le tout dans une
certaine harmonie, surtout lorsque les espèces prédatrices les
plus efficaces sont contrôlées, soit par la chasse ou la
pêche ou soit par des programmes gouvernementaux de stérilisations
ou l’équivalent.
Mais le prédateur le plus dangereux a deux pieds et deux mains et
c’est l’homme, car, en très peu de temps, il peut
détruire l’équilibre de l’environnement de ce lac en
défiant toutes les lois protégeant chacune des espèces par
un prélèvement illégal appelé braconnage, ce dans
le seul but de faire de l’argent rapide avec les espèces les plus
rémunératrices (le cerf de Virginie inclus) : c’est
vraiment irresponsable! Même
certaines sortes de plantes et d’arbres sont victimes de
prélèvements sauvages, conduisant à la
quasi disparition d’essences rares; il faut être de plus en plus
vigilant devant une situation qui se détériore de jour en jour.