LE CHANT DU BRUANT DE CHAMPS
Article de Michel Bourassa
Au début de l’après-midi du 30 mai 2010, je scrute
les alentours de la rivière, laquelle passe à la limite
arrière de mon terrain, étant à la recherche d’un
possible Passerin indigo, date d’arrivée
de cette espèce; les premières minutes d’observation
n’indiquent rien de tel, mais je continue, car même s’il
n’est pas encore dans les parages, tout autre oiseau intéressant
peut se manifester d’un instant à l’autre.
L’attente n’est pas très longue avant d’avoir
un membre aviaire qui donne signe de vie par son chant et il se trouve à
l’autre versant du cours d’eau et ce, sur une des branches des
arbres secs, lesquels sont malheureusement, en grande partie, cachés par
le feuillage de quelques érables en bonne santé. Je ne reconnais
pas le chant de ce petit inconnu qui est posé entre le faîte
d’un arbre et le sol, toujours immobile sur son perchoir et à
l’abri des regards, mais j’apprécie ses vocalises, courtes
et harmonieuses, tout en me laissant perplexe devant celles-ci; j’entends
bien un Bruant chanteur s’exécuter à son tour, mais
ça ne résout pas le mystère du chant de l’autre
oiseau : il faut que je patiente en attendant la sortie de ce dernier, si
sortie il y a!.
Par les délicates exécutions vocales du spécimen
aviaire, assorties de poses, le Passerin indigo est
éliminé de ma liste, car celui-ci est continuellement en concert,
semblant ne jamais se lasser. Au moment où je commence quelque peu
à perdre patience, mon soliste survole les érables pour se rendre
à la cime d’un arbre desséché, lequel, cette
fois-ci, est en avant et des plus
visibles pour, surtout, être bien identifiable; avec sa bande blanche
assez large de chaque côté de la queue, il est très
évident que je suis en présence d’un Bruant
vespéral, un bruant qui fréquente les prés assez secs, les
abattis et les champs. Cette espèce est peu commune au Québec et
en groupes restreints, souvent à proximité des enclos à
chevaux, où les espaces sablonneux et les piquets de clôture
deviennent un environnement idéal; aussi, une partie de son chant est
semblable à celui du Bruant chanteur, ce qui m’a confondu un peu
plus tôt.
Pour le recensement des oiseaux de cour, c’est une première
et il est fort possible que la prochaine occasion d’une autre visite de
sa part soit des plus lointaines, car le Bruant vespéral
n’était pas dans son élément en ce lieu
puisqu’il est parti une minute après son repérage,
l’environnement en étant un de mono-culture
(maïs); au moins, j’ai eu la chance d’en voir un
spécimen pour ainsi allonger ma liste de cour, ce qui est bien.