UN ÎLET À DÉCOUVRIR

 

Article de Michel Bourassa

 

 

            À Yamachiche, l’îlet est un des endroits stratégiques et des plus importants pour l’équilibre des espèces, tant aquatiques qu’aviaires, lequel est très bien connu par les chasseurs et les pêcheurs. L’îlet fait partie de l’écosystème du lac Saint-Pierre, à la partie ouest de Yamachiche, soit aux limites et à la sortie 174; cette pointe de terre débute dans les alentours de l’embouchure du canal en parallèle du chemin situé à proximité du stationnement de cette sortie d’autoroute, lequel chemin est celui emprunté par les pêcheurs à la pêche blanche, l’hiver.

 

            Cet îlet fait partie de la rive nord, du canal en descendant vers l’est sur plusieurs centaines de mètres, au large de la « grande baie », ce vers la Petite rivière Yamachiche, tout en étant à plus d’un kilomètre de celle-ci; au printemps, la pointe de l’îlet est inondée par la crue des eaux pour une assez longue période, selon plusieurs critères (neiges abondantes de l’hiver, pluies répétées du printemps, réserves d’eau des Grands Lacs, le sens des vents et la température s’y rattachant). Dans le passé récent, les pêcheurs commerciaux de Yamachiche ont largement profité de « l’îlette », comme ils l’appelaient, par d’excellentes pêches printanières sur ses terres envahies par l’onde et les principales espèces de poissons capturées étaient la perchaude, l’anguille, le crapet-soleil, la barbotte; le doré et le brochet étaient eux aussi abondants, mais interdits pour la pêche commerciale et ce, en tout temps.

 

              La pêche s’effectuait, soit entre l’îlet et l’autoroute 40, dans la baie, à l’extrémité ouest, soit directement sur l’îlet, lors des grandes crues, soit tout près de celle-ci, à l’est, aux eaux plus basses ou soit directement dans le lac Saint-Pierre, près des rives de l’îlet, lors des niveaux les plus bas. Parfois, des verveux étaient installés dans le marécage surnommé « le trou à Cana », site fréquenté par les grenouilles et plusieurs sortes de canards, où les maringouins ne se gênaient pas pour nous piquer et où les Hirondelles bicolores nous attaquaient, voulant protéger leur site de reproduction, soit les arbres de l’îlet. Plus à l’ouest, dans le fond de la baie et les environs du chemin de la sortie 174, des étangs artificiels ont été creusés dans les années 1980 pour aider à la reproduction des canards; en parlant de canards, les Canards branchus affectionnent particulièrement les abords de l’îlet à l’automne, car ils trouvent leur nourriture dans le Trèfle d’eau, soit l’herbe à canards.

 

             L’environnement de « l’îlette » est un lieu très fréquenté  par les oiseaux aquatiques et la Guifette noire est l’un d’eux à en apprécier la tranquillité pour nicher, ainsi que la Sterne pierregarin, d’ailleurs; le Grand Héron, le Butor d’Amérique, le Bihoreau gris, le Grèbe à bec bigarré, la Gallinule poule-d’eau, le Balbuzard pêcheur, le Busard St-Martin, le Goéland à bec cerclé, le Cormoran à aigrettes, la Bernache du Canada, le Bruant des marais, le Bruant chanteur, la Marouette de Caroline et le Râle de Virginie sont quelque-unes des espèces qui circulent en toute quiétude sur ce site, en retrait de l’activité humaine.

 

              À l’automne, l’îlet est aussi un secteur des plus achalandés pour la chasse au canard, car plusieurs chasseurs le connaissent comme un coin qui contient la plupart des espèces de barboteurs et en une abondance relative, en plus, dont le recherché Canard branchu. En avant de l’îlet, en octobre, des rassemblements de canards plongeurs, dont le Garrot à œil d’or, le Petit Fuligule, le Fuligule milouinan, le Grand Harle, le Petit Garrot et le Harle couronné, se présentent afin de trouver leur pitance journalière, permettant à quelques adeptes de la chasse de recueillir leur quota respectif. Si l’îlet est un endroit idéal pour les oiseaux et les poissons, c’est parce que la variété existe dans la végétation, autant sur terre que dans l’eau, correspondant aux besoins de chacune des espèces pour leur reproduction et leur survivance.

 

             Il ne faut pas omettre que ce site privilégié permet à plusieurs rapaces de repérer des proies et à des Cerfs de Virginie de bénéficier des éléments nécessaires dans les diverses plantes du marais, tout en donnant un abri sécuritaire, à moins d’être des victimes de braconnage (ce qui existe, hélas!). Il faut découvrir ce secteur, même s’il est difficile à atteindre au printemps, pour en comprendre toute son importance écologique, ce que je vous souhaite dans un avenir rapproché.