LE RESPECT, ÇA EXISTE!

 

Article de Michel Bourassa

 

 

             Dans la vie de tous les jours, quelque soit le sexe, l’âge, la race, la nationalité et la langue, le métier, le statut social, la beauté, la grandeur, le caractère, l’intelligence ou tout autre critère possible, chaque être humain a droit à un minimum de respect et il en est de même dans le domaine de l’observation des oiseaux, ces derniers inclus, car ils sont dans les premiers à être concernés puisqu’ils ont des contacts très étroits avec l’homme.

 

             Sur un site d’observation, la gent ailée est chez-elle et l’on ne doit pas se présenter en écervelé pour qu’elle nous réserve un accueil qui laissera d’excellents souvenirs en sa compagnie. Les photographes d’oiseaux sont habituellement les plus envahissants, voulant toujours être le plus près possible de chaque spécimen, surtout si c’en est un plus rare qu’habituellement : il n’est pas nécessaire de le toucher, car, souvent l’oiseau s’enfuit pour ne plus revenir, ce qui n’avance à rien! Les ornithologues amateurs ont eux aussi cette petite manie dérangeante, indistinctement qu’ils soient seuls ou en présence de dizaines d’amants de la faune aviaire, éloignant parfois un spécimen intéressant, lequel est recherché par la majorité : soyons donc un peu plus respectueux!

Le jugement de l’ensemble envers un tel geste est des plus durs, montrant le manque de savoir-vivre du ou des coupables en question.

 

             Ce qui est beaucoup plus délicat touche directement les comportements entre les personnes sur un lieu d’observation et il existe plusieurs façons de déraper sans s’en rendre nécessairement compte. Un des cas classiques est lorsqu’un observateur ou tout simplement un promeneur arrive en second lieu sur un site, soit qu’il se trouve déjà un ornithologue en train d’admirer les oiseaux en avant de lui : jamais, au grand jamais, passer près de ce dernier sans lui parler et aller en avant comme si de rien n’était! car c’est agir en effronté. Une autre situation désagréable pour certains individus occupés à identifier un spécimen est lorsqu’un autre observateur engage la conversation, soit pour se vanter de ses trouvailles sur ledit site, soit pour nommer chaque espèce à la place d’eux ou pire, soit pour tout simplement jaser sur tout et sur rien, sans s’apercevoir qu’il dérange : il faut absolument s’assurer que l’on n’importune pas lors d’une telle intervention, car les réactions sont différentes selon chaque rencontre puisque certains n’aiment pas communiquer, ce qui est leur droit; s’ils ont besoin d’un renseignement, ils vont le demander.

 

               Ce qui est extrêmement périlleux à faire et de la plus haute voltige, si l’on peut dire, consiste à reprendre un observateur sur une erreur d’identification sur un oiseau, car il faut avoir la bonne manière et surtout le bon ton pour le dire devant la délicatesse du geste; en effet, l’on touche directement l’orgueil de l’individu visé et certaines gens en ont beaucoup! Toute fausse manœuvre verbale peut conduire à la perte d’un membre de club et même d’un ami; alors, doublement attention dans un tel instant (surtout devant un groupe) : même entre de très grands amis, où tout est permis sur ce sujet, ledit orgueil est parfois écorché, ce qui veut vraiment tout dire! Ne jamais insister sur l’erreur si la négation de l’observateur persiste, encore moins si celui-ci nous est inconnu.

 

               Courir près des limicoles ou laisser promener un chien sur une plage, comme à la Pointe-Yamachiche, sont de très mauvaises idées si l’on ne veut pas être regardé de travers, puisque les oiseaux de rivage sont alors continuellement en vol et parfois, ils ne reviennent plus. Dans le passé, les conflits étaient beaucoup plus nombreux avec des autos se rendant directement sur le site, avec du tir aux pigeons d’argiles à quinze mètres seulement des ornithologues, avec des sports aérotractés nuisibles à la faune et avec des véhicules tout-terrain détruisant une partie de la flore, pour ne nommer que ceux-ci.

 

               En somme, pour une harmonie la plus parfaite possible, sans être idéale, il s’agit de poursuivre comme dans les deux ou trois dernières années et il n’y aura rien à redire, puisque la clientèle de la Pointe-Yamachiche en est une des plus disciplinées, reconnaissant la chance de posséder un tel site naturel à proximité du lac Saint-Pierre. Le respect se manifeste autant dans les actes que les paroles, puisque la propreté est à l’agenda de la quasi totalité des utilisateurs de l’endroit, s’occupant même à enlever les rares traces de saleté des négligents.