PÊCHE BLANCHE À YAMACHICHE
Article de Michel Bourassa
Les pêcheurs commerciaux du lac Saint-Pierre ont commencé
à commercialiser la perchaude en filets en 1960 et déjà en
1970, ce produit alimentaire avait gagné ses lettres de noblesse
auprès des consommateurs, surtout ceux autour dudit lac. Mais,
l’arrêt obligatoire de la pêche commerciale causé par
un supposé taux trop élevé de mercure dans la chair de
plusieurs espèces de poisson en cette année 1970 mena directement
tous les pêcheurs au chômage, forçant certains à user
de stratégies aussi ingénieuses les unes des autres, comme celle
de devenir pourvoyeur de pêche blanche au lac Saint-Pierre.
Le premier pourvoyeur à la Rive Nord de ce lac fut justement un
chômeur provenant de la pêche commerciale et demeurant à
Maskinongé, soit Jean-Guy Dupuis et ce, dès la saison hivernale
1970-1971. Connaissant très bien les meilleurs secteurs pour la
pêche à la perchaude, il réussit à donner un
très bon service à sa clientèle, laquelle augmenta assez
rapidement dans ces circonstances particulières pour le début
d’un nouveau métier; par contre, cette activité de
pêche sur la glace a fait son apparition dans la région de
Yamachiche seulement en 1980, ce sous la responsabilité de André
Pellerin, lequel baptisa son commerce « le
Martin-pêcheur » (en honneur de son fils Martin); il
opéra son entreprise de pêche jusqu’en 1998 dans les deux
baies de Yamachiche, donnant toujours un service maximum aux adeptes de cette
pêche sportive.
Dans le début des années 1990, un autre pourvoyeur, soit
Claude Desaulniers, débuta ses opérations dans la
« grande baie » Yamachiche, à la sortie 174, et
ce, sous le nom de « Qui-Mauricie »; encore en 2010, il
se partage une nombreuse clientèle, surtout les fins de semaines, avec
un récent arrivé dans le métier, lequel est
installé dans la « petite baie » Yamachiche et
répondant au nom de Denis St-Pierre. Ce dernier accueillit ses premiers
clients dans la saison 2007-2008 au stationnement de la Pointe-Yamachiche,
endroit où doivent entrer les véhicules pour se rendre au lieu de
pêche, soit aux cabanes sur la glace de la baie; il est à noter
que chacun des pourvoyeurs possède son territoire pour installer ses
chalets, ce afin d’éviter les conflits (pas toujours évident
dans certains cas!).
Les espèces capturées sous la glace des baies sont
d’une part, majoritairement la perchaude à plus de 70%, et
d’autre part, le doré à plus ou moins 25%, laissant
très peu de place aux autres! Ces autres correspondent au brochet,
à la lotte, à un occasionnel crapet-soleil ou à un crapet
de roche, à un esturgeon (encore plus rare) et à la necture, soit
un genre de salamandre d’eau, ressemblant à une lotte ayant quatre
pattes et des ouies rouges proéminentes à la tête; il y a
sûrement une barbotte, à l’occasion, qui se laisse leurrer
par l’appât d’un hameçon. Pour ceux qui ne connaissent
pas la pêche blanche, elle s’effectue sur la glace, en trouant
celle-ci avec une perceuse, où à chacun des trous on plante une
brimbale dans la neige (laquelle bascule lorsqu’un poisson mord à
l’hameçon attaché à sa corde).
Les vrais pêcheurs sur la glace sont toujours ceux qui
pêchent pour le plaisir, nonobstant le résultat, se contentant de
prendre l’air, surtout par les belles journées ensoleillées
de fin d’hiver, très souvent avec les enfants et le chien; quant
aux autres, ceux qui pêchent pour la vente commerciale (oui, il y en a
encore!), ces derniers ne sont jamais satisfaits et aujourd’hui, ils ne
peuvent plus mettre leurs supposés insuccès de captures sur le
dos des pêcheurs commerciaux, car ceux-ci n’existent pratiquement
plus (avec seulement quelques-uns ayant un permis sur le lac).