UNE RENCONTRE ROYALE

 

Article de Michel Bourassa

 

 

 

             Au début de l’après-midi du 29 octobre 2011, malgré le fond de l’air un peu froid, je m’habille plus chaudement et je me dirige vers la Pointe-Yamachiche, ce avec un soleil encore timide, lequel saura probablement prendre de la vigueur au fil des minutes à venir. Pendant le trajet en vélo afin d’atteindre mon but, soit la « pointe », c’est le calme dans le monde aviaire et je ne m’attends à rien sur ce site.

 

             La température est plus clémente dans le sentier et je roule lentement dans ce dernier en tendant l’oreille afin de détecter une quelconque présence d’oiseau, ce qui n’est pas le cas, mais ça va changer soudainement à moins de trois cents mètres de la Pointe-Yamachiche. En effet, à environ soixante mètres des billots obstruant le chemin, une masse sombre apparaît au loin, ressemblant à une personne penchée vers les aulnes du côté est, ce qui n’est nullement le cas, car à ma vue, une masse importante de plumes sur pattes déguerpit vers le lac en sautillant, étant incapable de s’envoler, sûrement à cause de ses ailes trop longues; cet oiseau rapace, selon moi, est un Pygargue à tête blanche : donc, j’avance très lentement en vélo, pour ainsi le rattraper et le revoir partir en trottinant dans le sentier et le reperdre de vue. Alors, je  décide à marcher le reste du parcours, ce afin de ne pas l’apeurer davantage tout en essayant de l’identifier correctement, incapable de le faire lors de ses fuites dans les courbes du sentier.

 

          Un dénouement inattendu m’attend en arrivant à l’aire ouverte de la plage de la fameuse « pointe », en voyant une observatrice du club d’ornithologie de Trois-Rivières, laquelle me demande si je l’ai vu; je réponds oui, en pensant que c’est effectivement un pygargue. Mais je erre, puisque cette dernière m’annonce fièrement que c’est un Aigle royal, tout en me disant qu’il vient à peine de se jeter à l’eau, apeuré par ses rencontres impromptues et qu’il tente de revenir vers le rivage par le milieu de la « petite baie »; deux autres ornithologues amateurs sont aussi témoins de l’aventure rocambolesque. De fait, nous voyons l’Aigle royal « ramer » avec ses ailes en peinant, montrant, par la même occasion, ses marques blanches à celles-ci et le magnifique doré de sa tête, lequel descend à la nuque : quel spectacle!; après de nombreux efforts, il réussit à se rendre à la rive, vers le fond de la dite baie.

Mon informatrice possède un appareil photographique et s’en sert parfaitement, en réussissant d’excellents clichés de cet individu, malgré son relatif éloignement, lequel est un Aigle royal immature, soit un jeune.

 

        Cette sortie de recensement à la Pointe-Yamachiche a été très spéciale, parce que l’Aigle royal n’y passe pas souvent et les quatre chanceux de ce 29 octobre 2011 s’en souviendront pour toujours, surtout par la façon inusitée dont ça s’est produit, d’autant plus que l’astre du jour a brillé de tous ses rayons des plus chaleureux, dans toute sa puissance en ces heures de la journée. À noter que les autres observations se sont faites totalement éclipsées par cette rencontre royale.