QUELQUES LÉGENDES ANIMALES
Chaque légende part d’une information fabriquée
d’un bout à l’autre par un individu quelconque, lequel agit
comme si c’était la pure vérité et le travail est
fait, car le bouche à bouche s’occupe du reste en la propageant
à l’infini, ce qui se réalise à la vitesse de
l’éclair.
La plus connue de ces histoires rocambolesques concerne le Colibri
à gorge rubis, lequel, à l’automne, période de la
migration de la majorité des espèces d’oiseaux, attendrait
l’arrivée des Bernaches du Canada et ce, afin de faire le voyage
vers le Sud sur le dos de l’une d’elles; la raison : parce que
le colibri est trop petit et trop frêle pour effectuer par lui-même
cette très longue distance (Québec-Floride, comme exemple). Cette
affirmation est complètement fausse, car chaque oiseau, quelque soit sa
grosseur, est parfaitement capable de parcourir toute distance
nécessaire lors de sa migration.
La seconde légende est un peu moins répandue et le brochet
(quelque soit l’espèce) en est la vedette. Un pêcheur
sportif, pourtant très instruit, lors d’une rencontre amicale au
restaurant, me raconte que l’un de ses partenaires de pêche en eaux
libres pour la capture du brochet lui confie et ce, avec le plus grand
sérieux du monde, que tous les brochets perdent leurs dents à la
période estivale!; celui qui me conte cette histoire semble y croire et
tente de me convaincre, ce qui est extrêmement difficile, car mon
métier de pêcheur commercial me permet à ce moment de ma
vie de constater totalement le contraire dû au fait que les brochets sont
capturés à l’année longue dans les nasses et que,
jamais au grand jamais, un tel phénomène s’est
présenté dans mon embarcation, surtout en été,
comme il a été prétendu par son partenaire de pêche.
Comment le brochet pourrait-t-il se nourrir sans dents?, car il en a absolument
besoin pour attraper sa nourriture, soit d’autres poissons et souvent, il
doit déchirer tout spécimen le moindrement gros pour l’avaler.
Si ce pêcheur sportif a tenté de m’en passer une
« p’tite vite » parce que je suis un pêcheur
commercial, il a royalement manqué son coup.
Un conseiller de la municipalité de Yamachiche
m’en a rapporté une bonne en 2009 et son histoire a été
appuyée par un texte paru dans un journal Hebdo de région. Le
témoin appelé à la barre des accusés se nomme le
Pic chevelu, très abondant dans presque toutes les régions du
Québec, et l’infraction qui lui est reproché est des plus
inusités, d’autant plus qu’il faut la prouver, ce qui
n’est pas évident avec l’affirmation avancée, ce que
vous constaterez par vous-même dans les prochaines lignes. Le tout
commence par une panne de téléphone à une résidence
dans la région de Joliette et son propriétaire, après
avoir discuté avec le technicien de Bell, lequel vient de
rétablir la communication téléphonique, apprend de ce
dernier que la cause de cette dite panne est un Pic chevelu.
Ce
technicien en est convaincu parce qu’il semble qu’Internet par
ligne téléphonique répandrait des bruits dans les fils
ressemblant à ceux effectués par des insectes, ce qui leurrerait
le Pic chevelu, le faisant piquer dans ces fils!. Un
porte-parole de Bell a simplement dit que c’est une légende
puisque les pics ne touchent pas aux fils électriques, contrairement aux
écureuils, lesquels s’attaquent au revêtement de ceux-ci en
le mangeant.
La situation qui va suivre est des plus incroyables et ce, dans tous les
sens du mot, car l’auteur de la fameuse histoire des prochaines lignes
était aussi original que son récit raconté lors des
années 1970. Ce citoyen très coloré de Yamachiche
se plaisait à affirmer à quiconque voulait l’écouter
qu’il connaissait une sorte de petit gibier habitant nos boisés du
nom de Limbo; avec le plus grand sérieux au
monde, selon lui, cet animal était un lièvre et pas
n’importe lequel, car chacun de ceux-ci possédait une dent en or:
bien oui, en or! Mais, curieusement, lorsqu’on lui demandait combien il
avait tué de Limbos dans sa vie, il répondait aucun, tout en disant ne jamais
abandonner dans ses recherches, car ce lièvre était très
rare. Pour cet homme, cette histoire abracadabrante était-elle tout
simplement le prolongement d’un fantasme de posséder lui-même
une telle dent en or, encore populaire à cette époque? On ne le
saura jamais, car il n’est plus de ce monde.
Le dernier exemple d’une supposée légende animale a
été entendu par votre humble serviteur à la
télévision et ce, dans les années 1960. Un
« coureur des bois » racontait diverses aventures
vécues au cours des ans lorsqu’il commença à
décrire une situation qui s’était produite pendant
l’hiver, à l’orée d’un boisé, et un
Lièvre d’Amérique en est la victime, ce qui n’est pas
peu dire avec ce qui va suivre! En effet, notre chasseur de petits gibiers
explique qu’en s’approchant lentement de l’animal
convoité pour le faire sortir de sa cachette, soit un thuya, il voit ce
lièvre apparaître devant lui et prêt à se faire
tirer, puisqu’il ne voit pas l’homme, mais ce dernier ne le tirera
jamais. Dès qu’il lève son arme pour tirer, ce Nemrod voit un Grand-duc
d’Amérique atterrir dans la neige, à peine un mètre
près du lièvre, un peu à l’arrière de
celui-ci; le hibou, immobile, regarde continuellement le lièvre de ses
grands et perçants yeux jaunes pour voir, au bout de seulement quelques
minutes, le lièvre tomber sur le côté, mort d’une
crise cardiaque, trop stressé par la présence du Grand-duc
d’Amérique. Cette histoire est-elle vraie ou seulement une
légende? On ne le saura probablement jamais.
Il
est intéressant d’écouter de telles légendes et il
m’a fait plaisir de vous en faire connaître quelques-unes.